En association avec le conseil de l'Europe, la ville de Paris a lancé le 29 avril dernier une campagne de communication inédite en France pour dire « non à la discrimination ». Paris : De notre bureau Yamina Benguigui, adjointe chargée des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations, Gabriella Battaini-Dragoni, directrice générale de l'éducation, de la culture et du patrimoine, de la jeunesse et du sport (DGIV) du Conseil de l'Europe, et Lilian Thuram, président de la fondation Education contre le racisme, ont donné le coup d'envoi de cette nouvelle campagne de communication lors d'une conférence de presse à l'Hôtel de Ville de Paris. Pour cette campagne, Paris diffuse 550 affiches sur le réseau municipal, des annonces sur les 170 « journaux électroniques d'information » de la ville et ouvre un espace dédié à cette campagne sur le site paris.fr. En France, Paris est la première ville à diffuser cette campagne, qui est disponible pour toutes les villes de France et d'Europe qui le souhaitent:www.coe.int/antidiscrimination. En Europe, cette campagne a déjà été présentée à Rome et à Ljubnjana ; les villes de Madrid, Milan, Barcelone, Moscou, Oslo, Neuchâtel et Subotica se sont engagées à la diffuser. Depuis 2001, la ville de Paris mène une action volontariste pour lutter contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les formes de discriminations, a rappelé Yamina Benguigui. C'est en ce sens que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a créé, en 2008, une délégation inédite en France, dédiée aux droits de l'homme et à la lutte contre les discriminations, qu'il lui confie avec la mission de lutter contre les préjugés et de favoriser l'égalité de traitement et l'égalité des chances. La cinéaste a rappelé que c'est dans cet esprit qu'elle a conçu et organisé, en mars dernier, un colloque intitulé « Décolonisons les imaginaires » pour « changer le regard sur l'autre et lutter contre les préjugés ». De ses autres responsabilités et initiatives d'élue avec le soutien du maire de Paris, Bertrand Delanoë, elle a aussi cité la « charte pour l'égalité » signée par la ville de Paris pour favoriser l'accès aux emplois de la ville pour les jeunes issus des quartiers « politique de la ville » et qui leur garantit l'égalité dans le déroulement des carrières ; l'accès des jeunes, issus de ces mêmes quartiers, aux écoles supérieures de la ville de Paris qui sera facilité ; les 26 juristes de la ville qui travaillent dans plus de 70 structures parisiennes en partenariat avec la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), seront formés à l'accueil et à l'accompagnement des publics discriminés. D'autres mesures concernent le développement dans les arrondissements des plans locaux de lutte contre les discriminations, la création de permanences juridiques et de lieux d'écoute spécialisés, le renforcement du forum « Paris de la diversité et du premier emploi » qu'elle a lancé en 2006. Paris est une ville cosmopolite qui compte 110 nationalités et plus de 20% d'étrangers ou d'immigrés. « Cette diversité contribue à l'identité et à la richesse de Paris ». Ce qui n'empêche pas les discriminations à tous les niveaux de la vie sociale, « mais celle qui gangrène notre société métissée d'aujourd'hui, celle qui est impalpable et invisible, c'est la discrimination raciale, liée aux préjugés hérités du colonialisme, qui touche l'emploi, le logement, l'accès aux loisirs et aux services publics ». Pour sa part, le célèbre footballeur Lilian Thuram, dont la fondation soutient la campagne du conseil de l'Europe contre les discriminations, estime que « pour lutter contre le racisme, il faut commencer par reconnaître que le racisme existe, se positionner par rapport au racisme. On a du mal à admettre que le racisme est dans nos cultures, dans notre histoire. La société dans laquelle nous vivons s'est construite sur le racisme, la classification des races, c'est le fait de l'histoire ». Et de suggérer que cette campagne d'affichage soit accompagnée d'une « explication », d'« une réflexion en profondeur d'où le nécessaire travail d'éducation » et « sur l'éducation ». La campagne « Dites non à la discrimination » initiée par le conseil de l'Europe est « menée avec les médias, à travers les médias et pour les médias », a souligné pour sa part Mme Gabriella Battaini-Dragoni, directrice générale de l'éducation, de la culture et du patrimoine, de la jeunesse et du sport (DGIV) du conseil de l'Europe. Cette campagne poursuit trois objectifs, a-t-elle indiqué : encourager les médias à diffuser des informations sur la discrimination et les mécanismes de lutte contre ce phénomène auprès du grand public et des victimes potentielles ; mieux préparer les médias à travailler dans une Europe multiculturelle ; faciliter l'accès des professionnels issus de minorités à tous les secteurs des médias.