Tractations, brouhaha, remous… La salle des conférences de l'hôtel El Aurassi a connu hier, au troisième jour des travaux du 11e congrès de l'UGTA, une ébullition inégalée. Prévue à 9h, l'élection du secrétaire général de la centrale syndicale n'a eu lieu que vers 14h30. Dans les coulisses, l'on parle tout simplement d'une situation de blocage causée notamment par la création du poste de secrétaire général adjoint. En effet, la question de l'élection ou de la désignation du secrétaire général adjoint a divisé les congressistes et l'éventualité d'un report de toutes les élections était à l'ordre du jour n'était la mise en marche de la machine gouvernementale pour dénouer cette crise première du genre. «L'UGTA était confrontée à une situation de blocage, nous avons contribué à son dénouement», nous a confirmé à demi-mot le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. D'ailleurs, ce n'était pas un secret, tous les congressistes étaient au courant du conclave ayant regroupé toute la matinée d'hier la direction sortante, le chef du gouvernement et le ministre du Travail. Un huis clos inédit pour régler un problème né de l'introduction de manière peu catholique d'un article dans le statut général. M. Malki, membre de la commission chargée du projet de statut général et de la motion organique, a participé à l'élaboration de ce document mais il ignorait jusqu'à la dernière minute l'existence de l'article ayant trait au SG adjoint. Pourtant dimanche, à la majorité écrasante, les congressistes ont adopté cet amendement. Alors où réside le blocage ? Selon les congressistes, l'architecte de ce nouveau schéma n'est autre que M. Djenouhat, chargé de l'organique et le poste de SG adjoint allait lui être attribué de fait. Ayant pris conscience des enjeux de cette mesure, des voix de l'Est et de l'Ouest se sont élevées pour revendiquer ce poste, au nom de l'équilibre régional. Dans les coulisses, l'on murmure le nom de Ali Lamrabat. «L'équilibre régional est important au sein de notre organisation, il est donc injuste d'attribuer le poste de SG adjoint à un membre du Centre alors que le nouveau SG est inévitablement du Centre», ont expliqué les contestataires qui estiment que normalement l'UGTA ne doit pas être cooptée par un parti politique, et ni le FLN ni le RND ne peuvent être investis de ce poste. Il fallait donc faire appel à la sagesse, d'autant plus que les proches de Djenouhat voulaient à tout prix trancher la question en plénière lors de cette troisième journée. Il est 15h, le président de séance présente d'abord la composante de la commission exécutive nationale (CEN) et l'approbation de ses 281 membres. Celle-ci est composée, en plus des quotas des wilayas, de 15 femmes syndicalistes, 5 représentants des retraités, des 48 secrétaires généraux de wilaya, des 30 secrétaires généraux de fédération, du secrétaire général des retraités, de la présidente de la commission nationale féminine et du représentant de la future commission des jeunes. Toutefois, la situation a failli prendre une autre tournure après l'annonce du report de l'élection des membres du secrétariat national et du secrétaire général adjoint par la CEN. Les proches de Djenouhat se sont levés et ont envahi la tribune en revendiquant haut et fort la tenue des élections. Ils ont ovationné et acclamé M. Djenouhat, tout en tentant de faire pression. Pour calmer le jeu, M. Djenouhat a pris la parole, appelant au calme et à la sérénité. «Si le poste de SG adjoint risque de déstabiliser les intérêts de l'UGTA et du pays, nous renonçons à ce poste. L'intérêt du pays doit l'emporter sur toute autre considération», a tonné le chargé de l'organique. Imperturbables, les congressistes persistent. De son côté, M.Djenouhat hausse le ton et se précipite à annoncer la date de la tenue de l'élection du SG adjoint prévue pour le 9 avril prochain. «Nous confions cette mission à la CEN qui statuera sur la question de façon souveraine le 9 du mois prochain», a promis avec insistance M. Djenouhat. Les esprits se sont alors calmés et les congressistes ont ensuite plébiscité M. Sidi Saïd en le reconduisant au poste de secrétaire général. En prenant la parole, ce dernier tente de rassurer les participants quant à la bonne santé de l'UGTA. De son avis, ce congrès est historique du fait que les congressistes n'ont fait, à travers ce forcing, que leur travail de syndicaliste. «Nous aurons à élire une direction nationale avec un seul objectif, à savoir la prise en charge des préoccupations du monde du travail», a soutenu M. Sidi Saïd en qualifiant de lourde mission sa réélection sans surprise à la tête de l'UGTA. «Il faudrait donner une nouvelle dimension à l'exercice syndical et l'espoir aux travailleurs», a-t-il observé.