La composante du secrétariat national sera connue le 9 avril prochain. Cette décision a soulevé la colère de certains secrétaires de wilaya qui ont voulu exercer un forcing sur le congrès, pourtant, souverain. La non-désignation des membres du secrétariat national devant les congressistes et la non-désignation de Mohamed Salah Djenouhat en qualité de SG-adjoint de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont failli prendre une autre tournure, hier, à la clôture des travaux du 11e congrès de la Centrale syndicale. Au moment où le président du bureau du congrès a annoncé le report, au 9 avril prochain, la désignation de la composante du secrétariat national, un groupe d'une trentaine de personnes et se revendiquant “proche” de Djenouhat, s'est carrément levé et s'est dirigé vers le bureau du congrès, sous le regard de Sidi-Saïd et de Djenouhat, pour clamer haut et fort leur refus catégorique de cet ajournement non prévu dans l'ordre du jour et de l'installation de Djenouhat en qualité de SG adjoint, “aujourd'hui”, pour les paraphraser. La situation a failli également dégénérer quand un groupe de secrétaires de wilaya s'est joint au mouvement pour tenter de troubler le déroulement des travaux du congrès et dénoncer le report de l'installation du secrétariat national alors que le congrès venait d'élire les 281 membres de la Commission exécutive nationale (CEN). Froissé et mis dans une situation, inconfortable, Djenouhat, qui venait d'être élu membre de la CEN pour la wilaya d'Alger, est monté au pupitre pour prendre la parole. “Un poste comme SG adjoint et qui portera malheur à l'UGTA, j'en n'ai vraiment pas besoin. Tout ce qui déstabilisera la gestion des affaires de la Centrale syndicale et qui ne va pas dans l'intérêt des travailleurs et de l'Algérie, je le refuse”, dira Djenouhat avant de renchérir pour tenter de calmer la foule : “Le secrétaire général de l'UGTA s'appelle Abdelmadjid Sidi-Saïd. Je m'adresse à vous en qualité de membre de la commission électorale. Il n'y a aucune arrière-pensée. Depuis les préparatifs de ce congrès, Sidi-Saïd a bénéficié d'un plébiscite à l'unanimité.” Et pour maîtriser la situation et renvoyer l'ascenseur à Djenouhat, Sidi-Saïd, qui a eu vraiment chaud, monte, à son tour, au pupitre et prend la parole. Mais Djenouhat attendait ce moment pour annoncer haut et fort, la main dans la main : “Notre secrétaire général élu est Abdelmadjid Sidi-Saïd !” Celui-ci dira tout de go : “Cette agitation est une chose normale et ordinaire au sein de tout syndicat qui se respecte. Je remercie vivement le frère Djenouhat, mais je dois vous dire que ni lui ni moi n'avons des intérêts autres que ceux de porter haut et fort les revendications des travailleurs algériens. Je dois vous rappeler aussi que le 11e congrès national de l'UGTA est un moment historique dans le mouvement syndical et nous devons saisir cette opportunité pour être solidaires et participer à la stabilité de notre organisation”. Il faut savoir que la commission chargée du projet du statut général et de la motion organique, présidée par Salah Adjabi, avait annoncé, au deuxième jour du congrès, l'institution du poste de secrétaire général adjoint. Mais pourquoi Djenouhat a “refusé” ce poste devant les congressistes et pourquoi, justement, le congrès souverain dans ses décisions n'a pas élu d'un SG adjoint ? Il faut noter d'abord que Sidi-Saïd et Djenouhat, au-delà des rivalités partisanes et autres considérations liées aux ambitions des uns et des autres, ont été élus à la CEN, respectivement pour représenter Tizi Ouzou et Alger. Du coup, le rapport force-équilibre (politique et régional) risque “de prendre un sérieux coup” aux yeux des congressistes. En deuxième lieu, la commission électorale n'a à aucun moment annoncé l'installation d'un SG adjoint, sachant que cette option pourrait intervenir dans les prochains mois et ne constitue nullement une urgence. Enfin, cette même option ne constitue pas l'enjeu de ce congrès quand on sait que le chef de l'Etat a personnellement appelé à la consolidation de cette organisation de masse et à préserver ses acquis. Mais pour le détail et en fin de compte, les 1 600 congressistes ont tous levé la main quand le 11e Congrès national de l'UGTA a reconduit Abdelmadjid Sidi-Saïd à la tête de la Centrale syndicale pour un troisième mandat de cinq ans, à savoir jusqu'en 2013. FARID BELGACEM