Depuis l'éclatement, il y a exactement un an, des hostilités entre la rébellion touareg, menée par Ibrahim Ag Bahanga et le gouvernement malien, jamais les affrontements, qui ont repris le 13 mars dernier, n'auront été aussi virulents que ceux d'hier. Et c'est la première fois, de toute l'histoire des rébellions touareg, au Mali ou au Niger, qu'une armée (l'armée malienne) utilise son aviation pour tirer sur les positions rebelles : dans sa riposte au déploiement par l'armée malienne de ses effectifs vers ses bases qui se trouvent au nord-est de Kidal, l'ATNMC (Alliance touareg Nord-Mali pour le changement) a envoyé, le 30 mars, ses forces rebelles jusqu'à moins de 15 km de la ville de Kidal. Les autorités maliennes dépêchaient, le même jour, sur Gao un renfort militaire composé de 10 camions, plusieurs chars et 2 hélicoptères, tous destinés pour Kidal, alors pratiquement «encerclée» par les rebelles. Et c'est le lendemain, 1er avril, que ces renforts arrivent à destination, mais sans qu'aucun affrontement ne soit encore signalé. «Les patrouilles qui ont quitté Gao ne sont pas encore arrivées à notre hauteur», nous précisent, sur le moment, nos sources rebelles. Et c'est hier, tôt le matin, que l'armée malienne est passée à l'offensive pour chasser les rebelles des positions avancées qu'ils ont occupées tout près de Kidal, trois jours durant. Une offensive qui se déroule alors à 15km au sud-ouest de la ville, avec des combats très vifs, lorsque 2 hélicoptères et un MIG attaquent une position de l'ATNMC. Une première dans toute l'histoire de la rébellion touareg, où une armée régulière utilise son aviation pour tirer sur les rebelles. Premier bilan que nous communique le porte-parole de l'ATNMC, au moment où les combats se poursuivaient toujours à 15h (14h locales) : «Un mort et plusieurs blessés, dont 3 graves, dans nos rangs ; un hélicoptère de l'armée malienne abattu et brûlé, avec son capitaine à bord, mort. En tout, 6 morts dans les rangs de l'armée malienne, sans compter les blessés.» Le porte-parole de l'ATNMC, Hama Ag Sid Ahmed, tient dans la foulée à nous préciser qu'un haut responsable de l'armée malienne demeure, depuis trois jours, bloqué à Anefif, 130 km de Kidal. A 16h15, les affrontements entre l'armée malienne et les rebelles se sont «déplacés à l'intérieur même de Kidal». «Nos combattants se sont emparés de 2 véhicules de l'armée malienne avant de faire une brèche pour sortir de la ville et aller vers une de nos bases.» Rappelons que cette montée des affrontements se déroule alors que la Libye tente, depuis le 28 mars, d'aplanir la situation, sans succès apparemment. «Ramener la paix se fait obligatoirement avec l'Algérie qui est cosignataire de l'accord de paix d'Alger, d'avril 2006», nous dit Hama Ag Sid Ahmed qui précise encore : «Associer toutes les bonnes volontés, pourquoi pas si la Libye veut s'associer aux efforts de l'Algérie. En ce qui nous concerne, nous restons toujours dans le cadre de l'accord d'Alger.»