La plaine de Annaba est assez connue pour ses rendements agricoles conséquents, au même titre que la Mitidja. Le marasme qui caractérise ce secteur s'illustre ou se traduit par l'abandon pur et simple des cultures industrielles, lesquelles faisaient jadis la fierté de la région, mais qui ont disparu aujourd'hui du décor. Le tournesol, la betterave sucrière, la tomate, la luzerne et même les légumes secs, qui garnissaient les champs des deux côtés de la RN21 reliant Annaba à Guelma, ne sont plus qu'un vague souvenir. Si les démembrements des terres publiques, à la faveur des réformes engagées successivement depuis l'Indépendance à ce jour, sont à l'origine de cette situation que d'aucuns qualifieraient de préoccupante, il n'en demeure pas moins que le secteur de l'agriculture, qui manque aujourd'hui de bras et de savoir-faire, est livré, il faut le souligner, aux prédateurs dont le seul souci est d'avoir le titre de fellah pour pouvoir bénéficier d'un crédit bancaire ou un autre financement de l'Etat. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les communes rurales, à l'exemple de Aïn Berda, Chorfa, El Eulma, ou encore Tréat et Oued Aneb, qui enregistrent les taux de chômage les plus inquiétants. Les jeunes, désirant travailler la terre, n'ont pas la possibilité de le faire du fait qu'ils ne peuvent pas accéder à un lopin de terre, car des «intrus» se sont appropriés les terres publiques, sans les exploiter. Pour l'année 2007, 390 exploitations agricoles individuelles, sur les 4 726 recensées, ont bénéficié du soutien financier de l'Etat par le biais du fonds national pour le développement de l'investissement agricole (FNDIA) et du fonds national de régulation de la production agricole (FNRPA). Ce financement a été destiné à la réhabilitation de la filière lait, la mise en valeur des terres, la création d'entreprises de prestations agricoles de service, la construction de deux retenues collinaires pour l'irrigation, l'assainissement des périmètres agricoles sur 1 960 ha, etc. La quantité de lait réalisée en 2007 (1 600 000 l) demeure en-deçà des capacités de production, tout comme celles du blé et des arbres fruitiers, qui atteignent respectivement 165 300 et 530 000 quintaux. Le cheptel ovin, bovin et avicole est également en nette régression, en témoigne la hausse des prix des viandes sur le marché. La relance du secteur de l'agriculture mérite un débat et une réflexion à la mesure de sa position dans l'échiquier économique local. Le regain d'intérêt rural, proposé par le ministre délégué au développement rural, Rachid Benaïssa, va-t-il apporter du nouveau au secteur de l'agriculture, considéré comme étant un des éléments dans ce projet, intègrant à la fois plusieurs aspects de la vie économique, culturelle et sociale ?