Les dernières mesures du gouvernement sur l'investissement étranger « sont exagérées mais corrigibles », estime Abdelhak Lamiri, économiste, docteur en sciences de gestion et PDG du groupe Institut international de management (Insim). Interrogé hier en marge du 2e Forum international de la ressource humaine, M. Lamiri a indiqué qu'il fallait mettre de l'ordre dans la maison, mais les décisions du gouvernement sur l'investissement étranger « ont été prises quelque peu dans la précipitation ». « C'est-à-dire qu'il n'y avait pas un avant-projet censé être débattu entre les différentes parties concernées (patronat, pouvoirs publics et syndicats des investisseurs nationaux et internationaux) », fera comprendre notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Il y avait juste après promulgation des lois et les gens ne s'attendaient pas à cela. » Un débat responsable « aurait évité toute expression d'exagération et toute forme d'excès », a-t-il noté. « Ce sont ces excès-là qui sont à l'origine de ces problèmes », a-t-il également commenté. Pour étayer ses propos, M. Lamiri estime que la mesure concernant les participations majoritaires de l'Etat (51-49%) dans les investissements étrangers dans lesquels il offre des avantages comparatifs, à titre d'exemple, « n'aurait pas du être incluse », car le plus important est le fait d'avoir un budget devises positif. « C'est-à-dire qu'en termes simples, les entrées en devises doivent être supérieures aux transferts », a-t-il expliqué. « Un seul changement sur le plan budget devises aurait pu régler tous les problèmes et éviter toutes les incompréhensions et les excitations. » En deux mots, le PDG de l'Institut international de management pense qu'il y a eu, à la fois, « un problème de temps et un déficit de communication et de concertation ». Néanmoins, il a laissé entendre que les décisions du gouvernement ne sont pas de nature à remettre en cause les investissements étrangers. « Ces dispositions sont plutôt nécessaires pour mettre fin au problème des investissements spéculatifs qui commençaient à être très importants en Algérie et qui sont très dangereux pour l'économie », a expliqué M. Lamiri. Il a précisé que ces investissements spéculatifs, recensés notamment dans le secteur de l'immobilier, auraient pu finir par des rapatriements importants au détriment de la balance des paiements en Algérie. « De grands pays, comme la Corée du Sud, étaient carrément terrassés par les investissement spéculatifs au temps de la crise asiatique », a-t-il ajouté sur sa lancée. Pour M. Lamiri, le débat sur les investissements étrangers en Algérie n'est pas encore clos. « Les décisions du gouvernement ont été suivies de circulaires, mais le débat doit se poursuivre entre les parties concernées pour aboutir à un texte de loi clair et qui doit reposer sur le seul chapitre du budget devises », a conclu notre interlocuteur. Intervenant lors du 2e Forum international de la ressource humaine, M. Lamiri a estimé que l'actuel programme quinquennal doit favoriser la création de PME afin de stimuler la vraie croissance et éponger, par là même, le taux de chômage. Selon lui, avec un prix du baril de pétrole à 60/65 dollars, « l'Algérie ne serait plus en mesure de se permettre des plans de relance ».