Plus de 100 000 personnes ont défilé dans les rues de Porto Alegre, mercredi, pour l'ouverture du cinquième Forum social mondial (FSM). Pendant cinq jours, du 26 au 31 janvier, ils seront invités à participer à l'une des 2500 activités concoctées, via Internet, par 2000 organisations de toute la planète. Onze « noyaux thématiques », tournant autour de l'éducation et de la connaissance, de la guerre et de la paix, des droits humains, de l'environnement, de la dette, de la démocratie ou encore de la lutte contre le néolibéralisme, sont programmés. « Avec Lula et Bush, un autre monde est possible. » C'est en pastichant le fameux slogan altermondialiste que des militants du Parti des travailleurs (PT) ont accueilli mercredi leur ancien chef, Luis Ignacio Lula da Silva. Celui qui portait autrefois leurs espoirs est à la tête du Brésil depuis deux ans et se voit de plus en plus reprocher de ne pas avoir tenu ses promesses électorales, notamment en matière de réduction de la pauvreté. Si son parti est au pouvoir, il a également perdu son bastion du Rio Grande do Sul, avec sa capitale, Porto Alegre, en octobre 2004. Devant 15 000 personnes, une centaine de militants hostiles et des milliers retenus à l'extérieur, Lula a défendu son bilan et réaffirmé que s'il est actuellement « président de ce pays, (ses) racines se trouvent dans les mouvements sociaux. Je suis un militant politique », a-t-il assuré. Avant de réaffirmer son rôle moteur en Amérique latine, avant la venue probable d'Hugo Chavez, dimanche, président du Venezuela et nouvel espoir régional des déçus du PT. Un autre Forum social mondial (FSM) est-il possible ? La question était de plus en plus pressante à l'approche du rendez-vous de Porto Alegre. Depuis sa naissance en 2000, sur les cendres du sommet de l'OMC de Seattle (2001), le FSM n'a cessé d'attirer plus de monde, au grand étonnement de ses organisateurs. En quatre éditions, les mouvements sociaux de la planète ont participé à des milliers de rencontres pour « construire des alternatives » à une mondialisation dessinée par la seule logique commerciale. Aujourd'hui, certains se félicitent que des idées comme celle d'une taxe mondiale contre la pauvreté, à l'origine portée par les altermondialistes, soient reprises par des chefs d'Etat tel Jacques Chirac et discutées à l'ONU. Mais les questions existentielles sur l'utilité et l'efficacité du forum, sa nature d'espace de débat ou de mouvement n'ont pas trouvé de réponse définitive. Les organisateurs ont, en tout cas, décidé de poursuivre la lancée du Forum de Bombay (Inde), en 2004, auquel des centaines de mouvements populaires avaient pris part. Afin d'en finir avec son image élitiste et antidémocratique, le conseil international du forum, qui regroupe plus d'une centaine d'organisations issues des ONG, des syndicats et des mouvements sociaux, a décidé d'abandonner ses prérogatives de « grand organisateur » pour l'autogestion. Autre initiative, l'instauration d'un « Mur des propositions pour la construction d'autres mondes », afin que les débats ne soient pas répétés inutilement et pour rendre « plus visibles les conclusions et les propos revenus durant le FSM 2005 ». Le principe qui interdit toute « déclaration ou consensus final du FSM », au désespoir de certains participants, est maintenu.