Les syndicats des professeurs, docents et maîtres assistants en sciences médicales ont décidé, hier lors de leur conseil national tenu à l'hôpital Mustapha à Alger, de maintenir leur mouvement de grève cyclique et le boycott des examens et concours de fin d'année. A l'unanimité, les participants à cette réunion, notamment les représentants des bureaux des syndicats de dix facultés des sciences médicales, ont opté pour la poursuite de la grève. « Aucune solution ne nous a été proposée par les pouvoirs publics pour nous inciter à suspendre notre grève », a tonné le professeur Djidjli, porte-parole des hospitalo- universitaires. Pour ces derniers, seul le premier ministre, Ahmed Ouyahia, peut débloquer la situation « d'autant plus que le blocage réside à son niveau ». Rappelant une partie de la genèse de l'affaire, M. Djidjli qualifie au préalable d'insultant et de méprisant le fait que les ministères de la santé et de l'enseignement supérieur signent un procès-verbal portant sur la prise en charge d'une revendication et que cinq mois plus tard rien n'est fait. « Les deux ministères ne cessent de ressasser que nos revendications sont légitimes et que la revalorisation de notre prime nous revient de droit, mais en même temps, ils ne cachent pas leur incapacité à les satisfaire. A quoi servent alors nos ministres de tutelle », a soutenu notre interlocuteur. Ce qui est douloureux dans le conflit qui oppose les syndicats aux pouvoirs publics est l'avenir des étudiants de la faculté de médecine dont l'année est réellement compromise. Si le recteur de l'université d'Alger, Tahar Hadjar, a exclu hier le risque d'une année blanche parce que les étudiants poursuivent normalement leurs études, M. Djidjli pense le contraire. « Si les étudiants ratent deux mois d'examens, l'année blanche doit être décrétée : c'est un fait avéré car il sera impossible à l'administration de rattraper le retard ni de gérer une situation où il y aura un télescopage », a averti M. Djidjli, en indiquant que la balle est dans le camp de l'Etat. Emboîtant le pas aux responsables du ministère de l'enseignement supérieur, qui ont évoqué le prolongement de l'année universitaire, M. Hadjar a rappelé avoir convenu avec les responsables de la faculté de prolonger l'année universitaire afin de pouvoir organiser les examens de fin d'année entre le 15 et 20 juillet prochain. Il a également indiqué à l'APS que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique n'était pas concerné par la revendication de revalorisation de la prime. Le ministère a introduit une requête judiciaire contre les grévistes et a eu gain de cause. M. Hadjar a affirmé, en outre, que le ministère de la santé a satisfait la revendication des enseignants en élaborant un projet de décret ministériel qui se trouve actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement. Ces déclarations sont battues en brèche par les syndicats. Face à la fuite en avant des pouvoirs publics, les deux syndicats menacent, de leur côté, de prolonger la contestation et de boycotter les examens une fois que ceux-ci seront reprogrammés par l'administration. « La décision de valider l'année blanche est très lourde de conséquences. Elle fera énormément mal. Si l'on arrive à ce stade, cela confirme l'incapacité des pouvoirs publics à gérer un conflit aussi simple que le nôtre », regrette M. Djidjli. Par ailleurs, nous avons appris que les ministères de l'enseignement supérieur et de la santé ont tenu une réunion avec les représentants de la Fonction publique et ceux des finances pour tenter en toute vraisemblance de débloquer la situation. Toutefois, pour l'heure aucune décision n'a été annoncée.