La demande urgente de l'ouverture d'une enquête sur la gestion du fonds social des travailleurs du complexe sidérurgique d'El Hadjar devenu, à la faveur d'un partenariat, Ispat puis Mittal Steel et enfin ArcelorMittal, n'étonne personne. Il s'agit là d'une ancienne revendication, formulée il y a près de 13 années par des syndicalistes retraités. Ces derniers avaient déposé plainte contre le comité de participation (CP) du complexe sidérurgique d'El Hadjar pour dilapidation du fonds du social des travailleurs. La brigade de la gendarmerie de Sidi Amar, territorialement compétente, s'est alors saisie de l'affaire. Depuis, rien de nouveau n'est venu conforter les auteurs de cette revendication. Le Fonds du social des travailleurs, qui est géré par le comite de participation (CP), aujourd'hui remis en cause, même par certains de ses membres influents, comptait en 1996 plus de un milliard 200 millions de dinars. La résolution qui a été adoptée par les travailleurs d'ArcelorMittal, réunis dimanche dernier devant le siège du syndicat, ne se limite pas uniquement à l'exigence de l'ouverture immédiate d'une enquête officielle sur la gestion du fonds du social des travailleurs, mais englobe également d'autres revendications visant un renouveau syndical. La centrale syndicale, UGTA, a été ainsi sollicitée pour procéder au renouvellement du syndicat d'entreprise à travers la tenue d'élections démocratiques. La résolution qui parle au nom de 4 000 travailleurs de l'usine d'ArcelorMittal, n°1 mondial du fer et de l'acier, met en garde dans ce cadre contre toute tentative d'organiser des élections de renouvellement en dehors du cadre de travail. Cet avertissement ne vient-il pas rappeler les rapports conflictuels et de méfiance d'une certaine époque ayant opposé l'UGTA et la section syndicale du complexe sidérurgique d'El Hadjar, dirigée par Dilmi Derradji, connu pour son militantisme sincère au service des travailleurs ? Plus explicite, la résolution mentionne dans ce sens que toute délocalisation de cette opération élective sera immédiatement rejetée et dénoncée. Il s'agit ici d'une façon comme une autre de mettre l'UGTA devant ses responsabilités et d'éviter d'éventuelles alliances et influences qui viendraient ajourner le projet de renouveau syndical. Décidés à en découdre avec ceux qu'ils qualifient de pseudo-syndicalistes, « qui ne pensent qu'à leurs intérêts », les sidérurgistes, par le biais de cette résolution, tiennent également à mettre en garde ceux qui auront la charge de mettre en œuvre l'opération de renouvellement de la section syndicale que la candidature de Aïssa Menadi, en tant que membre du syndicat d'entreprise ou en qualité de secrétaire général de cet organe, sera systématiquement rejetée car il détient un statut de député, en plus de la suspension de sa relation de travail pour cause de détachement à l'APN et du cumul de plusieurs responsabilités. Les 4000 travailleurs, qui ont désigné un porte-parole jusqu'à la tenue d'élections de renouvellement du syndicat d'entreprise, menacent de recourir à une grève illimitée si leurs revendications ne sont pas respectées. Le renouveau syndical auquel appellent les sidérurgistes ne serait-il pas, au dernier scandale, lié au trafic de la ferraille ? L'exploitation d'autres pistes comme la sous-traitance pourrait susciter d'autres scandales, mais il serait difficile de prouver l'implication des uns et des autres dans les malversations.