Cette situation suscite l'inquiétude des travailleurs dont les entreprises ont conclu des accords de partenariat. La crise au sein de l'entreprise sidérurgique Arcelor-Mittal d'El Hadjar relance le débat sur la privatisation. Les problèmes vécus dans cette entreprise remettent en cause, selon les spécialistes, le dispositif du partenariat. Peut-on parler d'échec de privatisation du moment que les conditions ne sont pas respectées, entre autres, la préservation des postes d'emploi. Selon le syndicat du complexe, le groupe Arcelor-Mittal Algérie prépare un plan social qui se traduirait par la suppression de 5200 emplois avant la fin 2008. La direction d'Arcelor-Mittal affirme de son côté, qu'il s'agit d'un plan de départs volontaires assorti d'une prime individuelle de 6000 euros environ par salarié. Le conflit vient renforcer un climat déjà tendu qui prévaut au sein du complexe sidérurgique d'Arcelor-Mittal Algérie d'Annaba. Des experts n'hésitent pas à affirmer également que la production de la filiale Algérie ne répond pas à la demande locale et aux besoins nationaux. Elle obéit beaucoup plus à une stratégie mondiale du groupe qui pousse aux exportations. A tel point que des clients traditionnels d'El Hadjar ont dû recourir aux importations pour continuer à assurer les commandes. Aussi, Mittal Steel qui a pour vertu d'avoir modernisé l'outil de production d'El Hadjar n'a nullement visé l'intégration en allant vers la diversification de la gamme et la fabrication de produits à plus forte valeur ajoutée en Algérie. Il a développé, néanmoins, les capacités de production du rond à béton dans la perspective d'une montée des besoins inhérents, en particulier au programme de réalisation du million de logements prévu par le plan de relance bis. Pour rappel, le complexe d'El Hadjar, qui était propriété de l'Etat algérien, avait été racheté à 70% en octobre 2001 par l'Indien Ispat, une entreprise du groupe Mittal. Il prend le nom de Mittal-Steel en 2005 et s'intègre au sein du géant multinational de l'acier après la fusion entre Mittal et Arcelor. En décembre 2006, le patron d'Arcelor Mittal, Lakshmi Mittal, avait exposé un nouveau programme d'investissements dans la sidérurgie en Algérie. Dès lors, des sources proches de la direction du complexe d'El Hadjar en Algérie craignaient quant à elles que Mittal-Steel se prépare discrètement à se retirer du pays. La rumeur avait été démentie par la suite. En juin de la même année, il a été annoncé un probable retrait d'Algérie de la compagnie indienne. Arcelor aurait exigé lors des négociations que Mittal Steel cède ses actifs «peu rentables» en Algérie. La fusion a eu lieu finalement sans toutefois que l'information du désistement ne soit alors confirmée. Un retrait de Mittal Steel d'El Hadjar aurait des conséquences négatives sur l'emploi algérien. L'entreprise emploie environ 8000 personnes. Pour l'instant, il s'agit du licenciement de 1200 employés. Les salariés de l'entreprise menacent donc de se mettre en grève illimitée à partir du 22 août si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les dernières nouvelles annoncent qu'un haut responsable du groupe est attendu la semaine prochaine pour reprendre le dialogue. Cette situation suscite en fait l'inquiétude des travailleurs dont les entreprises ont conclu des accords de partenariat. D'ailleurs, le Parti des travailleurs qui s'est toujours opposé à la privatisation, ne cesse de tirer la sonnette d'alarme quant au devenir des travailleurs. «Certaines entreprises enregistrent des bénéfices mais elles ont été fermées ou bradées au partenariat», estime la secrétaire générale du Parti. Pour elle, les multinationales ne viennent que pour s'enrichir et ne cherchent nullement les intérêts des travailleurs qui sont victimes de licenciements collectifs. Pour appuyer sa thèse, elle cite le conflit Enad-Henkel, porté devant la justice étrangère. Les multinationales sont les bienvenues pour investir mais il n'est pas question de leur remettre des usines en marche. Selon Louisa Hanoune toujours, «la loi doit être appliquée à ces entreprises car actuellement elles font de l'exploitation».