Grâce à l'embellie financière, l'Algérie a entrepris la modernisation de son armement et l'acquisition de matériels neufs auprès notamment de son traditionnel fournisseur la Russie. L'idée est bien ancienne. Elle remonte au début des années 1990 lorsque l'Algérie s'est retrouvé seule face au terrorisme, sans grande possibilité d'importer des équipements militaires des plus indispensables. Mais surtout à l'époque, l'argent faisait défaut. Grâce à l'embellie financière des années 2000, l'Algérie, outre la modernisation de son armement et l'acquisition de matériels neufs auprès notamment de son traditionnel fournisseur la Russie, a décidé en 2007 de relancer son industrie militaire. Cela notamment en donnant une nouvelle configuration à la direction centrale de l'industrie militaire, organe dépendant de l'ANP créé en 1994. L'objectif est de ne plus importer une certaine gamme de produits dont les armes légères, les munitions de petit calibre et les pièces de rechange pour armes à feu. Pour ce faire, le ministère de la Défense nationale voit son budget tripler en trois ans pour dépasser 6 milliards de dollars en 2009. La DCIM dirige deux principales unités : l'Entreprise de constructions mécaniques de Khenchela (ECMK) et l'Entreprise des réalisations industrielles de Seriana (ERIS) à l'Est. Grâce notamment à une assistance technique des Chinois, ces deux unités produisent du matériel militaire léger, tels que des fusils mitrailleurs et des pistolets automatiques, mais aussi des pièces de rechange, des groupes électrogènes et du matériel médical. La DCIM a également redynamisé l'Office national des substances explosives (Onex) dont la création remonte à l'époque de Boumediène. En modernisant ses moyens de productions, l'Onex fabrique des munitions, des grenades, des mines anti-tanks et une douzaine de variétés de matières explosives. La DCIM a également ouvert plusieurs petites unités de confection d'habillement militaire et de literie, ainsi que de fabrication d'équipements de campements, de casques, de chaussures. Ces unités emploient environ 10 000 salariés, dont plus de 90% sont des civils. Le pays isolé durant plus de 10 ans Poursuivant sa stratégie de sortie de la dépendance outrancière de l'importation, l'ANP a également récupéré le projet de fabrique automobile Fatia (Tiaret), qui n'a pas pu voir le jour depuis plus d'une décennie. Les installations de ce projet qui s'étendent sur plus de 300 ha ont été cédées à l'ANP en vertu d'un accord conclu en 2006 entre le ministère de l'Industrie et celui de la Défense nationale. Le site servira, grâce au partenariat sud-coréen, à la construction de véhicules légers tout-terrain au profit de l'armée. Cependant, investir le marché de l'automobile civil n'est pas écarté. A moyen terme. L'armée convoite aussi le complexe de la SNVI, fleuron de l'industrie nationale. Surtout elle reste son principal client. Depuis 1982, près de 23 000 véhicules de tous types ont été acquis par le ministère de la Défense auprès de cette entreprise pour un montant global d'environ 45 milliards de dinars, ce qui représente 60% des ventes de l'entreprise. Outre les équipements légers, l'ANP s'est lancée dans la construction aéronautique. Après avoir réussi l'exploit de monter un petit avion (premier en Algérie), avec l'aide technique de la République tchèque, l'ANP se lance un nouveau défi : celui de monter son propre Drone (avion sans pilote). La conception de ce projet, déjà finalisée, a été faite par des ingénieurs de l'Ecole militaire polytechnique de Bordj El Bahri. Si son montage sera exclusivement fait dans des ateliers de l'armée, ce Drone sera beaucoup plus utilisé à des fins civiles comme la lutte contre les feux de forêt et la lutte antiacridienne. La marine, de son côté, s'est lancée dans le montage de ses propres corvettes. Parmi elles, les Djebel Chenoua, El Chihab et El Kirch, qui ont été faites au niveau de la base navale de Mers El Kebir à Oran, grâce à l'assistance technique de la Bulgarie. Ces corvettes sont spécialisées dans la lutte anti-navire et dans les opérations SAR (Search and Rescue). Equipées de radars 3D, ces corvettes ont participé à des manœuvres navales organisées récemment par les forces de l'Otan en Méditerranée. L'industrie militaire semble être ainsi en plein essor. Mais, semble-t-il, le gros de la tâche reste encore à faire.