Un contrat de 2,8 milliards de dollars se conclut entre Alger et Moscou. Selon le quotidien financier russe Vedomosti, la Russie est en train de revoir toute sa stratégie de vente d'armes, notamment avec les Etats arabes et musulmans, principaux alliés traditionnels de Moscou depuis la fin des années quarante. Fournisseur privilégié de ces Etats, la Russie se retrouve, aujourd'hui, en position de non-paiement de ses créances de l'ordre de plus d'une centaine de milliards de dollars. Aujourd'hui, l'Iran se pose comme un acheteur privilégié des armes russes, qu'il paye rubis sur l'ongle. Les dernières livraisons ont concerné 29 systèmes antimissiles Tor M-1 datant des années 90, c'est-à-dire un type d'armement nouvellement conçu par l'industrie militaire russe. La Syrie, autre client traditionnel de la Russie, préfère apurer le passif. Selon le journal électronique Intelligence Online, les ventes d'armes peuvent avoir certains aspects particuliers. La Syrie a bénéficié d'un effacement de la majeure partie de sa dette vis-à-vis de Moscou. La dette syrienne était de 13 milliards de dollars, et Moscou en a abandonné 10 milliards au début de l'année 2005, en contrepartie d'une percée dans le marché de Damas. La même source ajoute que l'Algérie a demandé a bénéficier de la même mesure. La dette algérienne vis-à-vis de Moscou concernant les anciens achats d'armes s'élève à 4 milliards de dollars mais pourrait être revue à la baisse, effacée ou reconvertie, selon les « deals » militaires à conclure. Selon les mêmes sources et depuis avril 2005, les Russes négocient avec l'Algérie un contrat de 2,8 milliards de dollars. Ce contrat concerne l'achat de 49 avions de combat Mig-29 et 80 avions d'entraînement Mig-29 AT, et «permettrait de sauver le constructeur Mig qui est en quasi-faillite». La situation difficile dans laquelle se trouve aujourd'hui la Russie sur le plan financier la pousse à s'engager dans une contre-offensive militaro-financière, afin de ne pas perdre tous ses alliés et clients traditionnels au profit de Washington, et de renflouer ses caisses vides, mais tout en opérant une poussée technologique remarquée dans le but de moderniser ses équipements militaires, sa logistique et ses armements, dont certains (tanks, kalachnikovs, etc.) datent de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie a besoin d'argent et les Etats-Unis ont peur que cette peur se traduise par un transfert de la technologie militaire russe vers des régimes totalitaires, tel celui de Téhéran. Mais cela déborde sur un ensemble d'enjeux stratégiques propres au duopole américano-soviétique. Pour ce qui concerne les relations militaires algéro-russes, il s'agit surtout pour les uns et les autres de diversifier le partenariat. C'était le thème de l'intervention de l'ambassadeur russe à Alger, Vladimir Titenko, récemment lors d'une conférence de presse, où il s'affligeait de l'insignifiance des échanges commerciaux malgré toute l'amitié qui lie les deux pays et qui date de plus de soixante ans déjà. «Le volume de ces échanges commerciaux est estimé à 400 millions de dollars et reste bien en deçà de nos aspirations (...) Ce chiffre ne reflète pas les capacités des deux pays, mais nous espérons atteindre prochainement les 2 milliards de dollars», a-t-il précisé. Préparant la visite de Poutine en Algérie prévue pour les prochains mois, la Russie s'inquiète aussi mais sans le dire, des nouvelles orientations militaires algériennes, de son imbrication dans la stratégie maghrébine et méditerranéenne avec l'Otan. Politique, économie et armement tentent donc de ressouder les relations, désormais lâches et qui restent tributaires des développements de chacun des deux pays et ses niveaux de fragilité dans la stratégie des puissances.