La sonnette d'alarme a été tirée jeudi au palais de la culture Malek Haddad concernant le fléau de la drogue et les statistiques nationales de la toxicomanie. L'association pour la lutte contre la toxicomanie (ALAT), soutenue par l'office national pour la lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), le ministère de la justice, en collaboration avec la wilaya, a organisé une journée thématique afin de sensibiliser la population sur la propagation des substances illicites et la toxicomanie. Le séminaire, animé par le Dr. Benarab, président de l'association, et malgré la défection de deux experts français, a réuni plusieurs spécialistes au fait de l'effrayante évolution de la consommation de stupéfiants chez les jeunes âgés entre 21 et 30 ans. Notons que ce rendez-vous concerne les 15 wilayas de l'est du pays. Par ailleurs, la découverte de plantations d'opium dans certaines régions du pays, ainsi que la saisie, par les forces de l'ordre, de 22 kilos de cocaïne et autres quantités d'héroïne durant l'année 2007, doit mobiliser tous les acteurs sociaux et politiques, selon le directeur de l'ONLDT, Abdelmalek Sayah, d'autant que notre pays, qui n'est pas producteur de ces substances, est en train de passer du statut de pays de transit à celui de consommateur, ajoutera-t-il. Ce phénomène récent témoigne de l'angoisse d'une jeunesse en perte de repères. Les statistiques, relevées par la brigade de gendarmerie de la wilaya de Constantine, corroborent la déclaration du DAS. Des chiffres terrifiants qui s'abstiennent de commentaire : 216 786 kg de cannabis et 17 207comprimés de psychotropes ont été saisis en 2006 à travers l'est algérien, alors que l'année 2007 a connu une augmentation de ces chiffres, puisque la gendarmerie a enregistré 250 082 kg de cannabis et 83 038 comprimés de psychotropes. Le Dr. Benarab est formel. «La lutte contre la drogue est une priorité de santé publique au même titre que l'ont été le choléra, la peste ou d'autres maladies graves», affirmera-t-il, avant d'attirer l'attention sur l'urgence de la prise en charge des toxicomanes afin de «combattre la drogue en amont par la prévention, la sensibilisation et la protection des frontières, et en aval par la prise en charge des toxicomanes sur les plans sanitaire, social et psychologique». Pour ce faire, l'ALAT oeuvre pour la création de centres de suivi des toxicomanes et lance un S.O.S au gouvernement, afin que celui-ci active les projets de prise en charge, déjà engagés par le président de la République. La législation, quant à elle, doit être ferme, car malgré le durcissement des lois «tout toxicomane qui adhère à une structure de soin est considéré comme un malade et sa peine doit faire l'objet d'une révision», ajoute notre interlocuteur. Quant à Mourad Sana, psychologue, chef de service de l'association sanitaire et directeur de la santé de la wilaya de Sétif, il soutiendra que «la toxicomanie est un phénomène multifactoriel et complexe, qui nécessite une approche globale». Le danger risque en effet de s'accroître si les consciences et les volontés ne sont pas mises à contribution pour soutenir les médecins à l'effet de venir à bout de ce fléau.