« C'est l'unique fruit que l'Algérie n'a jamais importé. Il est disponible et de bonne qualité », nous déclare fièrement Amari Bouzid, fraisiculteur installé dans la commune de Douaouda, à l'extrémité est de la wilaya de Tipaza. Accompagné de ses 5 enfants, tous des agriculteurs, notre interlocuteur, qui vient d'effectuer une livraison de fraises au marché de gros d'Eucalyptus, tient à nous préciser que le cours de ce fruit enregistre une baisse. Amari Bouzid a entamé sa production de fraises dans une superficie d'un demi-hectare au début des années 1980 pour se retrouver aujourd'hui en train de produire de la fraise sur une superficie globale de 7,5 ha. Il a investi beaucoup d'argent pour atteindre le niveau de production actuelle de ce fruit, tant sur le plan de la qualité, que de la quantité. Il dispose de plus de 136 chapelles et de plusieurs dizaines de petits tunnels, tous consacrés à la fraise. La production annuelle de la fraise de la wilaya de Tipaza varie entre 33 et 35 t. Amari Bouzid qui loue les terres agricoles avait importé des équipements sophistiqués (2 machines, ndlr) conçus pour effectuer une multitude de fonctions, pour améliorer la qualité et la production de la fraise, notamment la désinfection du sol et la mise en place automatique par ces mêmes machines qui servent à l'irrigation aux goutte-goutte. Amari Bouzid a pu créer 50 emplois permanents et 30 emplois saisonniers. Le fraisiculteur de Douaouda voyage et participe à ses frais aux événements et manifestations qui concernent le secteur agricole, notamment la fraise, afin de s'enquérir des nouvelles technologies. Notre interlocuteur exhibe les fraises parfumées produites dans ses champs et précise le faible taux de sucre que contient ce fruit. « J'envisage d'exporter la fraise, en raison de sa précocité, sa bonne qualité et son goût exceptionnel », indique-t-il. Malheureusement, il évoque le manque de soutien dans l'investissement en matière de stockage, de conditionnement, d'emballage et de barquettes en plastique alimentaire. La wilaya de Tipaza compte de très nombreux fraisiculteurs, dont une bonne partie ne figure pas sur la liste des adhérents à la chambre de l'agriculture de la wilaya. « Tout dépendra de la volonté de l'Etat dans le soutien des petits fellahs, précise Amari Bouzid, autrement l'Algérie est en mesure d'exporter ce fruit à l'instar de nos voisins », conclut-il. Le plus grand producteur de fraises du bassin méditerranéen est un Marocain. Sa production annuelle personnelle représente aujourd'hui 10 fois la production annuelle nationale de la fraise. La concurrence sur le marché international est impitoyable, l'ensemble des fraisiculteurs algériens doivent s'aguerrir pour s'adapter à tous les mécanismes de production et de commercialisation de la fraise, un créneau du secteur de l'agriculture qui reste à développer.