Le coup d'envoi de la foire du miel, qui regroupe une vingtaine d'apiculteurs de la Mitidja et de la région du centre du pays, a été donné lundi 26 septembre par le président de la Chambre d'agriculture de Blida au niveau du siège de l'association et de la coopérative apicole de la wilaya de Blida, située dans la commune de Chiffa, et ce, en présence des autorités locales. Dans cette foire, on peut voir «les producteurs de mielpour leur bon miel, à l'instar de Hammam Melouane, El Affroun, Boumedfaâ, Tipaza, qui essayent, à tout prix, de convaincre les visiteurs quant à la bonne qualité du produit exposé 100% algérien, ô combien bénéfique pour notre santé. Ces derniers se posaient toujours la question sur l'astuce qui nous prouve que le miel est vraiment pur ou pas. Bref, en dehors de la gelée royale, du pollen, des différents accessoires entrant dans le cadre de l'activité de l'apiculteur, plusieurs variétés qui étaient exposées à base notamment d'eucalyptus, d'agrumes (orangers), de fleurs, de mélange, mais également d'essenayria et de cedrat, plantes à branches piquantes réputées dans la région de Boumedfaâ (Aïn Defla) et d'Aïn Oussera (Djelfa) sont connues à travers leur miel pour leurs bons effets digestifs. D'après un exposant et formateur en même temps, M.Silmi Yacine venu spécialement de la commune de Douaouda (Tipaza), dira: «Ce créneau est en plein essor surtout avec les conditions climatiques favorables à notre métier et qui réduisent d'une manière significative les maladies qui touchent l'abeille, c'est-à-dire un hiver pluvieux et un printemps ensoleillé. Dans ce sens, on a pu récolter cette année entre 10 à 15 kg de miel par ruche, contrairement à l'année dernière où on n'a pas pu dépasser les 10 kg de miel par ruche. Un véritable défi surtout quand on sait qu'un pays comme l'Italie ne produit que 7 kg de miel en moyenne et par ruche. Cependant, le problème qui reste posé est relatif à l'utilisation des insecticides par les fellahs, usage qui ne répond pas aux normes et fait à tout moment, même en période de floraison, ce qui nous porte un préjudice énorme et ce, sans oublier le phénomène du vol qui bat son plein dans les endroits isolés et les assurances qui ne veulent pas nous assurer», avant d'ajouter qu'«il faut encourager la consommation du miel dans notre pays car le citoyen algérien consomme seulement 23 g en moyenne de miel par an, compararé aux Allemands qui sont les premiers en Europe, soit 1kg et demi en moyenne par an et par habitant. Donc, il faut que la consommation du miel devienne carrément une culture comme c'est le cas de la viande, malgré sa cherté. Pour M.Hamzaoui, président de l'Association des apiculteurs de la wilaya de Blida, le temps est venu de promouvoir la production locale du miel. «Ce secteur a beaucoup souffert durant les années de terrorisme. Aujourd'hui, notre association compte 600 adhérents et la coopérative 300, qui sont fidèles à la cotisation et la wilaya de Blida possède plus de 1 000 apiculteurs sur son territoire, ce qui est encourageant. Toutefois, il faut promouvoir notre production qui est d'ailleurs d'excellente qualité par rapport au miel d'importation dont la qualité laisse à désirer et qui n'est même pas commercialisé dans les pays d'où il est importé», rétorqua-t-il en défendant la thèse du quota pour ce qui est du miel importé. On apprend également, lors de cette manifestation, que le miel dont l'étiquetage faisant foi qu'il est produit en Arabie Saoudite, pays réputé pour son bien miel et qui a connu un grand succès auprès du consommateur algérien est réellement produit en Chine, d'une qualité médiocre et douteuse, ce qui explique son prix bon marché. Le président de la Fédération nationale des associations d'apiculteurs, le docteur Mahmoud Lakhel, qui était présent lors de l'inauguration, nous a fait savoir qu'il y a 29 associations de wilaya d'apiculteurs à travers le pays et qu'il y a en tout 43 wilayas qui peuvent abriter ce créneau. Il dira que «depuis la création de la Fédération qui est également membre de la Fédération internationale des apiculteurs, le contact devient plus facile avec notre tutelle, à savoir le ministère de l'Agriculture, ce qui nous facilite la tâche en tant que médiateur entre les apiculteurs et les hauts responsables du domaine». Cependant, les propriétaires de terrains agricoles s'opposent souvent au fait que les apiculteurs élisent domicile chez eux par ignorance alors qu'en France, par exemple, les agriculteurs payent les apiculteurs lorsqu'ils déposent leurs ruches à leur niveau vu les bienfaits de cette activité sur l'agriculture. En sus, l'utilisation hors norme des insecticides par les agriculteurs est toujours d'actualité, ajoutez à cela l'épineux problème des impôts qu'on n'arrive toujours pas à régler. Dans ce sens, nous souhaitons que l'apiculteur soit exonéré de cette taxe pendant les cinq premières années et que les impôts différent d'une région à une autre car la Mitidja n'est pas le Sud, à titre d'exemple. Bref, 20 à 30% des apiculteurs ont abandonné leurs ruches pour déficit causé essentiellement par les lourdes factures des impôts. L'apiculture est un art, une passion, une source de revenus, un métier et une véritable satisfaction intellectuelle et ce, sans oublier son côté curatif et les pollens qui contiennent un nombre important de protéines, d'où la nécessité d'améliorer en permanence les techniques apicoles tout en les modernisant et en échangeant annuellement les reines afin d'augmenter davantage la production. Concernant l'accord d'association de notre pays avec l'Union européenne où plusieurs produits agricoles sont et seront exonérés de la taxe douanière pour leur importation et exportation, le miel algérien figure parmi ces produits qui ne seront pas touchés par les taxes douanières lors de son exportation à partir du 1er janvier 2006 vers les pays de l'Union. Cependant, d'après M.Medjadji, président de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Blida, cela ne sera pas évident car le marché européen est submergé de miel, et à bas prix. «Pour le moment, le véritable défi consiste à faire pénétrer ce produit dans toute l'Algérie en quantités importantes avant de penser à son exportation qui semble d'emblée, hasardeuse. D'ailleurs, si on partage la production nationale actuelle sur le nombre d'habitants, 60 g sera la quantité possible à consommer par chaque Algérien annuellement», dira-t-il. Notons que la foire du miel se poursuit jusqu'au 1er octobre et que le prix de vente de ce produit lors de cette manifestation est de 1000 DA en moyenne pour le kilogramme. Enfin, et en dehors de l'ambitieux programme de développement de l'agriculture chez nous, à l'instar du Fonds national du développement agricole et qui a porté ses fruits ces dernières années, une véritable prise en charge de l'apiculture dans notre pays, et en particulier, accompagnée d'encouragements pour les jeunes chômeurs, doit se faire en urgence afin de protéger notre production de la concurrence « déloyale » étrangère en créant davantage d'emplois, car tout semble favorable pour le développement de l'apiculture chez nous, des conditions climatiques propices, un savoir-faire de nos apiculteurs de plus en plus sur le terrain, une organisation de la profession à travers des associations et une fédération, mais surtout la bonne qualité de notre miel.