Le Conseil de sécurité de l'ONU appelle les LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) et le gouvernement sri lankais à déposer les armes et à agir d'urgence pour protéger les civils. La guerre continue tant que Colombo refuse tout compromis. Le gouvernement sri lankais a une nouvelle fois hier rejeté les pressions internationales pour arrêter sa guerre contre les rebelles tamouls, quelques heures après un appel du Conseil de sécurité de l'ONU, à épargner les dizaines de milliers de civils. « Nous n'allons pas céder à la pression internationale pour stopper l'offensive » contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a déclaré le ministre chargé des Médias, Lakshman Yapa Abeywardena. « Au Pakistan et en Afghanistan, il y a des conflits similaires mais personne ne leur réclame un accord de paix ou un cessez-le-feu. Il n'y a pas de pression internationale là-bas. Alors, pourquoi sommes-nous les seuls à être visés ? », s'est interrogé le ministre, reprenant l'argumentaire développé ces dernières semaines par le président nationaliste, Mahinda Rajapakse. Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit « gravement préoccupé » par « la crise humanitaire qui s'aggrave » au Sri Lanka et a exhorté les belligérants à « assurer la sécurité des civils » et à « respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire ». « Nous n'avons aucun problème avec cela », s'est contenté de dire M. Abeywardena. Cette déclaration non contraignante de l'ONU est la première prise de position formelle de l'ensemble du Conseil de sécurité depuis l'aggravation de la crise humanitaire dans le nord-est du Sri Lanka fin avril. Quelques heures plus tôt, le président américain, Barack Obama, avait demandé aux rebelles tamouls de déposer les armes et à l'armée sri lankaise de cesser de bombarder la zone de guerre. Il a aussi sommé Colombo d'autoriser l'ONU à accéder à cette bande côtière de quatre kilomètres carrés, où entre 20 000 et 50 000 civils sont bloqués. C'est une région coupée du monde, dans laquelle seuls des employés locaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sont présents. Mais un accès humanitaire pour les Nations unies « est impossible », a répété le ministre sri-lankais. « En tant que gouvernement responsable, nous ne pouvons pas garantir la sécurité (d'équipes humanitaires). Même le CICR a du mal à livrer des vivres là-bas », a-t-il ajouté. Convaincu d'en finir avec 37 ans de guérilla « terroriste » et sourcilleux sur sa souveraineté, le Sri Lanka rejette depuis trois semaines toutes les demandes de la communauté internationale, surtout des pays occidentaux, d'une trêve et d'un accès humanitaire au minuscule théâtre du conflit. Excédé par les remontrances des Occidentaux, Colombo peut compter sur le soutien de ses alliés asiatiques - Chine, Japon, Inde - de la Russie, voire de l'Iran et de la Libye.