Des travaux de confortement à la mosquée Ketchaoua dans La Basse Casbah doivent être engagés. « C'est samedi (aujourd'hui) que les échafaudage doivent être normalement installés. Cela entre dans le cadre des travaux de confortement décidés par la ministre de la Culture », signale Mme Nabila Seffadj, architecte et historienne de l'art, qui a animé jeudi une conférence à la maison diocésaine de Hydra, intitulée « La Ketchawa, histoire d'une mosquée-cathédrale ». La mosquée, dont les minarets menaçaient de s'effondrer, a été fermée il y a longtemps, soutient l'architecte, à qui a été confié le projet de restauration de la mosquée enserrée dans la vieille ville. « Il nous a été difficile de fermer ce lieu de culte, la population locale n'a pas tellement apprécié parce qu'elle entretenait un rapport particulier avec cette mosquée qu'elle préfère aux deux autres lieux de prière situés non loin de là. Le ministère de la Culture a pu, néanmoins, réussir la prouesse de la faire fermer. Le ministère des Affaires religieuses, propriétaire de l'espace, voudrait le restituer au plus vite », relève l'architecte. Le ministère appréhende les travaux dans cette mosquée qui peut connaître le même sort que la mosquée Ali Betchin, située sur la rue de Bab El Oued, où des travaux de replâtrage ont été engagés mais jamais achevés. « Nous avons peur du syndrome '' Ali Betchin''. Nous avons la hantise que les travaux provisoires durent. Les travaux à Ali Betchin ont été lancés il y a 13 ans. La première phase de confortement de Ketchaoua ne doit pas durer longtemps pour passer à d'autres phases plus importantes, celles de la restauration. » Autre crainte : le financement des travaux. « Les 2/3 du budget alloué à toute l'opération seront consacrés aux seuls travaux de confortement », relève la conférencière. Pour elle, il est loisible de prendre exemple sur le projet de restauration de la cathédrale Notre-Dame d'Afrique qui a bénéficié d'un montage financier consistant, auquel ont participé plusieurs institutions et mécènes privés comme Sonelgaz, Sonatrach et des entreprises privées comme Cevital. « Le mécénat privé doit être encouragé. Le ministère de la Culture doit favoriser cette opération d'autant plus que la réglementation ne s'y oppose pas », insiste Mme Seffadj qui a eu des contacts avec Xavier David, architecte chargé de la restauration de Notre-Dame d'Afrique, dont les plans ont été confiés à Fromageau qui a lui-même travaillé un temps à Ketchaoua. L'histoire de cette mosquée reste « incertaine », signale Mme Seffadj. Hassan Pacha a pris la décision de l'agrandir. Bâtie par la tribu locale en 1436 sur l'emplacement d'une source, au lieu-dit « Le Plateau des chèvres », d'où son nom en langue turque. La mosquée fut transformée en 1613 sous la Régence ottomane avant de connaître une extension en 1794 sous Hasan Pacha. Dédiée au rite catholique en 1832, elle deviendra la cathédrale Saint-Philippe d'Alger. Des travaux de démolition ont été entrepris à partir de 1844, lui « faisant perdre » son style ottoman. Le « style bâtard, arabo-mauresque avant la lettre » la marquant est le résultat des spéculations et des architectes qui s'y sont succédé. La cathédrale Ketchaoua redevenue mosquée en 1962, a été classée monument historique par l'administration française en 1908.