Mauvaise nouvelle ! L'état de la mythique mosquée Ketchaoua, monument classé, s'aggrave. A tel point que son minaret menace de s'effondrer partiellement depuis quelque temps. La bonne nouvelle, c'est que les responsables de la direction de la culture de la wilaya d'Alger ne sont pas restés les bras croisés, plongés dans l'indifférence. Bien au contraire, ils se sont sentis concernés par le problème et ont réagi en conséquence. Des travaux d'extrême urgence ont été engagés pour limiter les dégâts et parer au plus pressé. «Nous avons engagé des travaux d'extrême urgence à la mosquée Ketchaoua, particulièrement au niveau du minaret qui constitue un vrai danger», a indiqué samedi dernier Mme Badia Sator, directrice de la culture de la wilaya d'Alger, à l'APS, en mettant en exergue le «mauvais état» de cette partie du monument dû à l'absence d'entretien mais aussi au séisme de 2003. «C'est une opération très délicate et on ne peut pas avoir une idée réelle sur les délais des travaux d'urgence sur ce minaret qui sera étagé de haut en bas et ceinturé», a affirmé la responsable, ajoutant que les études, le suivi et les travaux de restauration de la mosquée Ketchaoua, située dans le secteur sauvegardé de la Casbah, font partie de la 2ème phase du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d'Alger. «Le minaret de droite de la mosquée connaît un cas de fissuration assez avancé et menace de s'effondrer», a précisé M. Righi, architecte à la direction de la culture, ajoutant qu'il y a un tassement en dessous du minaret. «Une érosion au niveau des éléments des balustres ainsi qu'un déplacement des blocs constitutifs de la partie haute du minaret et même une légère inclinaison de cette même partie aggravent la situation. Des infiltrations d'eau, notamment au niveau de la voûte centrale, ont entraîné une dégradation de tous les décors». «Le bureau d'études est en train d'affiner son diagnostic, une opération considérée comme première phase de l'étude», a confié la même source citée par l'APS, précisant que des panneaux de protection ont été mis en place pour établir un périmètre de sécurité autour de la mosquée. Pour rappel, la mosquée Ketchaoua, mélange de styles architecturaux romano-byzantin et arabo-turc, a été bâtie vers 1613 et agrandie en 1794 par le dey Hassan. Le monument, comprenant deux minarets dont la façade est décorée de mosaïques, a été transformée en 1832 en cathédrale par le colonisateur français qui, dès son débarquement en Algérie, a travaillé à la déculturation et à l'acculturation systématiques du peuple pour pouvoir mieux l'asservir, le dominer et le coloniser. Ketchaoua ne sera d'ailleurs pas la seule victime de la furie destructrice de la France. Deux percées en plein cœur de la Casbah pour les rues de la Lyre et Randon, qui ont permis aux troupes françaises de pénétrer dans la ville, et un rasage de la basse Casbah pour l'aménagement de la place d'armes, se sont faits sur les ruines de dizaines de palais détruits, sur le front de mer notamment. Ketchaoua retrouvera sa vocation de lieu de culte musulman à l'indépendance du pays, sans avoir beaucoup perdu de son cachet. F. B.