Le minaret de la mosquée Ketchaoua tout aussi que le bâti général risqueraient de rendre l'âme à tout moment ou de tomber carrément sur la tête des passants.“ Le minaret de la mosquée autant que le reste menace de s'effondre en causant des dégâts colossaux si les pouvoirs publics ne s'en occupent pas ” nous a révélé un architecte et entrepreneur connu durant l'été dernier. “ J'espère que les responsables ne vont pas s'en tenir au raccommodage du minaret qui ne tiendra que quelques temps, mais à une réhabilitation générale et définitive de l'institution religieuse ” avait-il prévenu encore. Ce n'est que samedi dernier que la direction de la culture de la wilaya d'Alger a annoncé que la mosquée, monument classé, faisait l'objet de travaux d'extrême urgence. Des travaux engagés par la direction de la culture elle-même. “Nous avons engagé des travaux d'extrême urgence à la mosquée Ketchaoua, particulièrement au niveau du minaret qui constitue un vrai danger ”, a indiqué samedi Badia Sator, directrice de la Culture de la wilaya d'Alger mettant en exergue le “ mauvais état ” de cette partie du monument dû à l'absence d'entretien et au séisme de 2003. “C'est une opération très délicate et on ne peut pas avoir une idée réelle sur les délais des travaux d'urgence sur ce minaret qui sera étagé de haut en bas et ceinturé ”, a affirmé la responsable, ajoutant que les études, le suivi et les travaux de restauration de la mosquée Ketchaoua, qui est située dans un secteur sauvegardé, font partie de la 2e phase du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d'Alger. “Le minaret de droite de la mosquée connaît un cas de fissuration assez avancé et menace de s'effondrer ”, a, de son côté, précisé Righi, architecte à la direction de la Culture, ajoutant qu'il y a un tassement en-dessous du minaret. “ Il y a une érosion au niveau des éléments des balustres ainsi qu'un déplacement des blocs constitutifs de la partie haute du minaret et même une légère inclinaison de cette même partie ”, a expliqué l'architecte, ajoutant que des infiltrations d'eau, notamment au niveau de la voûte centrale, ont entraîné une dégradation de tous les décors. Selon ce même responsable, “le bureau d'études est en train d'affiner son diagnostic, une opération considérée comme première phase de l'étude ”, a confié l'architecte précisant que des panneaux de protection ont été mis en place pour établir un périmètre de sécurité autour de la mosquée. “Si les travaux qui seront engagés concerneront seulement le minaret, alors c'est comme si vous mettez un peu de sparadrap sur un objet brisé. Ça sera du pur rafistolage qui durera le temps que ça durera avec des risques accrus que ça s'effondre à tout moment ” avait expliqué cet architecte, patron d'une entreprise de bâtiment à Alger. “Le mieux serait de réhabiliter une bonne fois pour toute ce monument et qu'on en parle plus. Les travaux de rafistolage ne doivent pas servir pour des institutions classés ” a-t-il encore ajouté regrettant qu'un travail aussi sérieux et aussi risqué soit mené à la hâte. Bâtie vers 1613 et agrandie en 1794 par le Dey Hassan, la mosquée Ketchaoua est un savant mélange entre les styles architecturaux romano-byzantin et arabo-turc. A sa réception au début du XVIIème siècle, la mosquée comprenait deux minarets et sa façade est décorée de mosaïques. En 1832, soit deux ans après l'invasion française, le monument a été transformé en cathédrale avant de retrouver sa vocation de lieu de culte musulman à l'indépendance du pays. Site historique par excellence, la mosquée Ketchaoua, l'une des mosquées les plus populaires d'Alger, est menacé d'effondrement. Son bâti est au rouge, tout le monde y gagnerait si elle était carrément réhabilitée une bonne fois pour toute.