Le poète a rendu hommage à Ferhat Mhenni (Imazighen Imula), Tahar Djaout, Matoub Lounès, Mahmoud Derwiche et Bachir Hadj Ali, entre autres. Invité par l'association Igelfan, Ben Mohamed, poète, parolier de chansons célèbres et ancien présentateur d'émissions culturelles à la radio chaîne II, a présenté la semaine dernière à Bouzeguène un récital de poésie en kabyle. C'est au centre culturel colonel Mohand Oulhadj de Bouzeguène-village qu'un public très nombreux a tenu à être présent pour retrouver, près de vingt années après son exil en France, le poète, l'aède, le chantre de la poésie kabyle, le concepteur des paroles de la plus célèbre chanson kabyle des années 70, Avava Inouva, admirablement interprétée par Idir. Alternant avec Youcef Merahi, Ben Mohamed a lu une trentaine de ses meilleures poésies Skudh (Tant que), Yugurthen, Winet, Thinet, Theskidivem, (Vous mentez), Ad Ruhey (Partir). Dans cette dernière Ben Mohamed explique la force de la terre ancestrale : « Je partis et laissai là mes frères ; Et m'en allai quêter la fraternité ; Je m'en allai vers les mourants ; Pour apprendre d'eux la vie ; Je fis bande avec les damnés ; Et m'engouffrais dans la tourmente ». Et comme l'histoire est un éternel recommencement, Ben Mohammed fouine dans le présent mais retrouve son passé : « Mes anciennes peines en appellent de nouvelles ; l'une se retire et l'autre se greffe ; Où parviennent mes regards ; Les racines que je romps repoussent toujours ; En sommeil je coupe le cordon ombilical : A mon réveil, je le retrouve relié ». Et puis il y a Tecnam, (Vous avez chanté), un texte chanté par Nouara. « Tous vous avez chanté ma beauté et mon sens de l'honneur ; Mais oublié a été mon dû ; Réduite à l'état de bête ; Maintenant que s'ouvrent mes yeux ; je demande des comptes ». Ben Mohamed n'a pas oublié Ayemma (Ma mère), mais le poète refuse gentiment de le déclamer : « Comprenez-moi, je ne peux pas vous le lire ; ma mère n'est plus de ce monde. » Quant à Youcef Merahi, il a présenté ses poèmes en français. Il a choisi des textes où il a rendu hommage à Ferhat Mhenni (Imazighen Imula), Tahar Djaout, Matoub Lounès, Mahmoud Derviche, Bachir Hadj Ali, Mouloud Feraoun…etc. Durant le débat, c'est surtout l'intervention de l'ancien comédien, chanteur et animateur de la chaîne II, Mhenni Amroun, ami de longue date de Ben Mohamed, qui a été la plus remarquée. Il a raconté de nombreuses anecdotes vécues à la radio. « Tout ce qu'on faisait était suspecté. On surveillait tout ce qu'on disait jusqu'au coq qui criait dans le générique de l'émission matinale de Ben Mohamed. Mais croyez-nous, on a dit beaucoup de choses sur les ondes et les services secrets n'ont vu que du feu. »