Le front social est en ébullition, les fonctionnaires des différents secteurs ne décolèrent apparemment pas, après les hospitalo-universitaires, c'est au tour des paramédicaux et des enseignants du supérieur de brandir la carte de la grève. Le CNES menace d'aller vers un débrayage de quinze jours, à partir de la fin du mois, alors que les paramédicaux menacent et donnent un ultimatum aux pouvoirs publics avant d'enclencher une grève nationale. En effet, le conseil national du syndicat algérien des paramédicaux (SAP) menace de recourir à la grève dans les prochains jours, en paralysant l'ensemble du secteur de la santé, si les pouvoirs publics ne se penchent pas dans les plus brefs délais sur leurs préoccupations. Réuni ce week-end en session extraordinaire pour débattre de la situation socioprofessionnelle de la corporation paramédicale, particulièrement sur le silence affiché par la tutelle quant à la promulgation du statut particulier, le syndicat donne un ultimatum de quinze jours au ministre de tutelle pour la prise en charge de ses doléances, faute de quoi un préavis de grève sera déposé auprès des départements concernés. Le SAP exige un statut tel qu'il a été négocié par la commission mixte (syndicat-ministère), un système LMD à partir de la catégorie 11. Le SAP a tiré la sonnette d'alarme quant aux tergiversations de certains membres de la commission en janvier dernier. « Sachant que certains membres de la commission ministérielle mal intentionnés font tout pour faire avorter le projet nous récusons, à cet effet, toute modification qui sera introduite au projet initial », a souligné le secrétaire national, M. Ghachi. Le syndicat a également fait part des intimidations que subissent les cadres syndicaux et paramédicaux ainsi que les suspensions arbitraires pour les faire taire et laisser libre cours à une gestion anarchique et autres par l'administration dans plusieurs wilayas, notamment à Alger, Jijel, Tizi Ouzou, Djelfa, Skikda, Tlemcen... « Cette campagne de déstabilisation qui cache des intérêts occultes sera vouée à l'échec par notre mobilisation », promet le syndicat qui dénonce en parallèle le mépris et les dépassements graves et intolérables de l'administration que la tutelle n'a aucune intention de prendre au sérieux. Par ailleurs, du côté de l'université, le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a décidé, face à la marginalisation de l'enseignant chercheur et au mutisme de la tutelle, de durcir le ton et l'action en optant pour un mouvement de débrayage de 15 jours renouvelables, à partir du 30 mai prochain avec arrêt de toutes les activités pédagogiques scientifiques. En effet, lors d'une réunion tenue à Alger en présence de vingt-sept sections, le conseil national du CNES a au préalable exprimé sa colère quant à la situation catastrophique et alarmante qui prévaut au sein de l'Université algérienne. Il mentionne avec regret le non-respect des engagements de la tutelle et l'absence de volonté des pouvoirs publics à construire un partenariat pour la prise en charge effective des revendications des enseignants et à bâtir une université publique performante au service du pays. Le CNES a rappelé, à la même occasion, les promesses non respectées par la tutelle et a fait part de ses inquiétudes quant à l'absence d'une stratégie pour l'université. « Depuis la promulgation du statut particulier de l'enseignant chercheur en avril 2008, les promesses données, dans le cadre des travaux de la commission mixte MESRS-CNES sur le régime indemnitaire, sont restées sans suite, dénotant le mépris absolu des pouvoirs publics vis-à-vis de l'enseignant », a souligné M. Rahmani, porte-parole du CNES, en s'interrogeant sur le mutisme de la tutelle et des pouvoirs publics et leur incapacité à faire face à la situation préoccupante de l'université, énergiquement dénoncée à maintes reprises par le syndicat et aussi la démarche imposant aux enseignants chercheurs d'attendre la promulgation de l'ensemble des statuts particuliers pour débloquer leur régime indemnitaire. De l'avis du CNES, l'absence de management et de perspectives dans la mise en place des réformes pédagogiques et de recherche « a permis à la gabegie et au clientélisme de régner en maîtres dans l'ensemble des établissements universitaires, ouvrant ainsi les voies à la hogra, à la violence et à de multiples comportements et fléaux qui dénaturent et déforment l'image de l'Université ».