La tension sur le ciment persiste, tout comme la saison passée à pareille époque. Elle risque de durer encore si aucune mesure n'est prise par les pouvoirs publics pour juguler le phénomène. Le prix du sac, qui est fixé à 225 DA au niveau de l'usine, a triplé pour atteindre 650 DA sur le marché. Où se situe la faille ? A la cimenterie d'Oued Sly, 7 km à l'ouest de Chlef, les dirigeants de l'entreprise ne cachent pas leur étonnement devant l'envolée vertigineuse du prix du ciment sur le réseau de distribution. « Notre unité continue à fonctionner normalement, elle produit quotidiennement jusqu'à 7 800 tonnes. 34% de cette production est réservée à la wilaya de Chlef. Pour la seule période allant du 1er janvier au 10 mai 2009, la quantité facturée et enlevée par les revendeurs et les entreprises de réalisation de cette région, s'élève, tenez-vous bien, à 280 000 tonnes, soit une quantité mensuelle de 93 000 t. Cette dotation importante a été répartie comme suit : 210 000 t pour les 428 revendeurs agréés et 70 000 t pour les entreprises de réalisation », indique le directeur général de l'ECDE, Khelifa Bekhit, qui est à la tête de l'entreprise depuis août 2008. D'après lui, l'approvisionnement de 24 autres wilayas, à partir du complexe de Chlef, n'a aucun lien avec la crise que connaît le ciment à Chlef. « La quantité que nous mettons à la disposition de notre clientèle dans cette région équivaut à la construction de plus de 10 306 logements selon les normes parasismiques » souligne, pour sa part, un responsable de la direction commerciale. Sur la question du contrôle des revendeurs, nos interlocuteurs estiment que ce volet ne relève pas de la compétence de leurs services. Comme on le voit, la responsabilité de ce qui arrive au ciment dans la wilaya est imputée aux revendeurs et aux services de contrôle et de régulation du marché. Sur ce point, les avis se rejoignent sur le laxisme et le laisser-faire qui caractérisent cette opération, comme si de rien n'était. « Les bons d'enlèvement du ciment sont carrément vendus à la sortie de l'usine, avec des gains substantiels. Un bon de 10 t est revendu à 21 millions de centimes alors qu'il est facturé par l'ECDE à 9 millions. Le plus grave dans l'affaire c'es que la marchandise ne transite pas souvent par les locaux censés contenir ce matériau. Elle est écoulée en dehors de la wilaya », dénoncent des citoyens et auto constructeurs qui doivent se rabattre sur les unités de l'EDIMCO pour pouvoir décrocher quelques sacs. Dès l'aube, des files interminables se forment devant la principale unité de ce distributeur public, située à l'entrée est de la ville de Chlef. On y vient de partout et on doit prendre son mal en patience, car la vente obéit à une programmation selon les arrivages quotidiens. « Nous recevons 3 000 tonnes tous les dix jours, et nous faisons tout pour que cette quantité soit répartie équitablement entre les demandeurs, lesquels sont constitués de promoteurs, de bénéficiaires de l'aide à la construction de logement ruraux et même d'entrepreneurs », nous diront des responsables au service commercial de l'EDIMCO. Si tel est le cas pour cette catégorie d'utilisateurs, il en est autrement pour les entreprises de réalisation qui ne semblent pas confrontées au même problème. « Je mets au défi les entrepreneurs qui soutiendraient le contraire, car toutes les entreprises engagées dans les programmes développement, et ayant un dossier en bonne et due forme à notre niveau, sont régulièrement et suffisamment approvisionnées », souligne encore le DG de l'ECDE.