Il se vend deux fois plus que son prix en sortie d'usine qui ne dépasse pas 350 DA le sac de 50 kg. Les autoconstructeurs auront à subir pour la deuxième année consécutive le diktat des spéculateurs sur le marché du ciment. Le sac de 50 kg de ciment est cédé à plus de 700 dinars. C'est deux fois plus que son prix en sortie d'usine qui ne dépasse pas 350 dinars. La structure des prix n'a aucun lien avec les quantités disponibles. Les constructeurs revendent, en effet, leur quota de ciment. Le ciment sorti du port et destiné essentiellement aux entreprises, se trouve sur le marché parallèle. Cette affirmation est venue, il y a moins d'un mois, de la bouche d'Aït Belkacem, directeur général adjoint du groupe industriel du ciment. Selon le même intervenant, le groupe Gica ne peut contrôler la destination du produit sorti de l'usine. «Nous servons des entreprises qui sont censées transporter le ciment au niveau de leur chantier», a-t-il ajouté. Il souligne que «puisque ce ciment se trouve déjà sur le marché parallèle, cela veut dire que nous avons aujourd'hui, et je n'accuse personne, des entreprises qui revendent ce ciment». Dès juillet 2009, le ministère du Commerce a adressé une correspondance à toutes les unités de production et de distribution de ciment les incitant à donner la priorité aux entrepreneurs pour les doter de la quantité de ciment dont ils ont besoin pour leurs chantiers afin qu'ils puissent terminer et livrer les projets dans les délais impartis. C'était une tentative de juguler la crise du ciment. Les commissions de contrôle du ministère du Commerce ont également entamé une enquête sur les spéculations du ciment dont les prix avaient atteint la barre des 700 DA le sac. Depuis ce temps, l'Etat a décidé d'importer 4 millions de tonnes de ciment. Mais c'est loin d'être la solution idoine pour mettre fin à cette spéculation. La production ne cesse d'augmenter et elle passera à 12 millions de tonnes en 2010 pour le secteur public. Lafarge produit 6 millions de tonnes. Avec les quatre millions de ciment importés, il ressort que 22 millions sont actuellement disponibles sur le marché. La spéculation sévit sur tout le marché des matériaux de construction et pas seulement sur le ciment du fait du nombre limité d'intervenants. L'augmentation de la demande nationale sur le ciment pour l'exécution des différents programmes de réalisation d'infrastructures, notamment ceux du Sud et des Hauts-Plateaux n'arrange pas les choses. Les pouvoirs publics ont tenté de freiner le phénomène de la spéculation par quelques actions spectaculaires. C'est dans ce cadre que s'inscrit la décision du Premier ministre Ahmed Ouyahia de limoger l'ancien P-DG de la cimenterie de Chlef. Les services du ministère du Commerce et de la Gendarmerie nationale ont été chargés de contrôler le marché de la distribution du ciment et de lutter contre la spéculation. Depuis, il y a eu la suspension en mai dernier de 29 grossistes en ciment dans la wilaya de Médéa pour spéculation et dissimulation de chiffres d'affaires.