Il y a maintenant treize ans que les corps des moines de Tibhirine étaient retrouvés, le 21 mai 1996. Depuis leur enlèvement, deux mois plus tôt, dans la nuit du 26 au 27 mars, l'espoir de les retrouver vivants demeurait toujours. L'assassinat de ces sept moines trappistes, tirés violemment de la tranquillité de leur monastère, ne cesse de soulever une émotion qui, au fur et à mesure que l'événement s'éloigne, se transforme en force spirituelle. Ainsi cette année, sera créé à Valence, dans la Drôme, puis à Grenoble (Isère), un oratorio intitulé Les Sept Dormants, par Dominique Joubert, pour chœur, ensemble instrumental, soliste et récitant. Basé sur un livret librement adapté par Yves Letort des Stèles des Sept Dormants de Sylvie Germain, incluant des psaumes et enrichi par un texte du musulman valentinois Mounir Ben Taleb, cet oratorio, traversé par le testament spirituel de Christian de Chergé, supérieur du monastère, tente de faire fructifier le message de réconciliation et de paix des frères trappistes. Dominique Joubert signe une musique variée, résolument moderne : « Je ne cherche pas à imiter un orientalisme de pacotille ou à trouver un style musical consensuel. Cette partition évoque la volonté inébranlable de ces témoins de notre temps à vivre ensemble dans le respect des différences. » La création de l'oratorio est organisée par le chœur Allegretto de Nantes, l'association Rayonnement de la musique sacrée de Valence, le Centre théologique de Meylan et l'Ensemble vocal de Meylan (Isère). Elle sera dirigée par Bruno Delaigue. Dans le même temps, Christian Salenson, directeur de l'Institut de sciences et de théologie des religions de Marseille, vient de publier, chez Bayard (Paris), une introduction à la théologie de l'espérance qui caractérise la pensée du prieur de Tibhirine, qui avec Christophe Lebreton, poète mystique, était l'âme humaniste du monastère : « Il nous faut entrer dans cette pluralité qui nous est donnée, non pas en y voyant un obstacle, mais une chance, l'altérité devenant pour chacun le chemin de sa propre identité. » Enfin, au monastère Notre-Dame d'Aiguebelle, dans le sud de la Drôme, maison « mère » de l'ex-monastère de Tibhirine, une rencontre islamo-chrétienne se déroulera le 24 mai avec deux témoins : Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman (Rhône-Alpes) et Colette Hamza, déléguée du diocèse de Marseille pour les relations avec l'Islam, avec pour thème « Sous le signe du pardon ».