Fabrice Morio revient sur l'organisation de la première édition de Cinéma sous les étoiles qui se tient à Annaba depuis le 14 mai et se poursuivra jusqu'à demain. Chaque soir, des films sont projetés dans la cour de l'ex-lycée Pierre et Marie Curie. Cette manifestation est organisée en collaboration avec l'université Badji Mokthar de Annaba. Comment est né ce projet de Cinéma sous les étoiles ? J'ai pris mes fonctions à Annaba en septembre 2008. Mais, je suis venu en août, à titre privé, pour rencontrer mon prédécesseur. Il m'a fait visiter l'ex-lycée Pierre et Marie Curie où se déroulent nos cours de langue. Cet établissement appartient actuellement à l'université. Dès que j'ai franchi la porte et dès que j'ai vu la cour avec cette harmonie parfaite au niveau des proportions, je me suis dit que c'est fait pour du cinéma et pour le cirque. Cela n'a pris qu'une poignée de secondes. C'était immédiat. Quand j'ai fait la proposition au recteur de l'université de lancer le projet de Cinéma sous les étoiles, la réponse a été immédiate également. Le recteur m'a parlé de l'idée de créer un pôle culturel important. On m'a dit qu'à Annaba, il y avait des salles qui projetaient des films. Aujourd'hui, il existe une salle à dix kilomètres d'ici, à El Hadjar, mais qui projette les films en version DVD. Je me suis dit que c'était dommage que les jeunes n'aient pas accès à des projections sur écran géant en 35 mm. Cette technique donne une profondeur à l'image que le DVD ne peut pas apporter. Cela parait basique de le dire, mais il faut toujours le souligner. Et comment avez-vous procédé pour la sélection des films ? Il était important qu'il y ait des films français et algériens. Dans le projet, je voulais ajouter la Tunisie et la Sardaigne (Italie) qui sont voisins de Annaba. Pour choisir le film tunisien, cela nous a demandé un peu de temps. Comme c'est une première et en plein air, nous avons été attentifs au contenu des films. Nous ne voulions pas heurter les sensibilités par rapport à la culture du pays. Nous avons fait un choix de huit films qui peuvent être vus par un large public. Il est vrai que c'est un élément qui peut être parfois « gênant ». Nous avions pensé à projeter un film de François Truffaut, mais dans les œuvres de ce cinéaste, il y a toujours des images compliquées, du nu intégral. On s'est dit que ce n'est pas le moment. Cela paraissait important de montrer des atmosphères, des couleurs et des époques différentes dans le choix des films. La Belle et la bête de Jean Cocteau est sorti en 1946 puis d'autres films des années 1970, 1980, 1990 et 2000. Ces films montrent différents courants et sensibilités. Nous avons montré des étapes de l'évolution de l'art cinématographique. Vous avez programmé également des ensembles musicaux avant chaque projection de film… On voulait que cela soit un moment de fête, un moment de convivialité, parce que le cinéma est un art populaire. Cela me paraissait important qu'avant la projection, il y ait une certaine attraction, comme ce fut le cas en Europe. Avant la projection du film, il y avait toujours un spectacle, un magicien, des danseurs, des musiciens. On voulait renouer avec cette tradition d'autant qu'en Algérie la musique est un élément important. On a programmé des groupes de musique différents, des jeunes formations, la plupart du temps sont imaginatifs et créatifs. L'ensemble Hamouche, par exemple, a fait sensation auprès du public présent.