A l'occasion du 19 mai, journée de l'étudiant, le club de réflexion et d'initiative (CRI) de Constantine, a, comme chaque année, organisé une rencontre-débat au CNFPH. Cette fois, le thème choisi a été le très controversé LMD, licence-master-doctorat, institutionnalisé au sein de l'université algérienne depuis 5 ans. Le professeur Boushaba, de l'université Mentouri, se chargera, à l'ouverture de la rencontre, de démystifier le LMD en traçant un historique exhaustif devant une assistance à laquelle manquaient malheureusement les concernés, c'est-à-dire les étudiants. « Ce système, dira-t-il, permet une harmonisation de l'enseignement entre les différents instituts des 41 centres universitaires et universités que compte le pays. Le talon d'Achille qu'est la recherche à l'université ne pourra être levé qu'avec le LMD ». Ne pouvant faire part des premiers fruits du LMD, car il faut attendre la sortie des promotions des doctorants, l'intervenant insistera sur les détails inhérents à ce nouveau mode d'apprentissage qui « permettra à terme à l'Algérie de regagner sa place parmi le concert des pays dont les diplômes sont reconnus universellement ». Pour sa part, le professeur Benkadri dressera un tableau peu reluisant de l'université algérienne, en soulignant que « les campus sont devenus des centres d'apprentissage de la politique et non du savoir ». Il convient de noter que de 2 000 étudiants en 1962, l'Algérie est passée au chiffre étourdissant de 950 000. « Des chiffres où la déperdition et un faible taux dynamique et d'intégration font que l'université aujourd'hui n'est qu'un moyen d'avoir un diplôme même s'il est dénué de toute valeur scientifique », dira encore le professeur Benkadri, qui rebondit sur « l'absence totale de relations entre cette même université et le secteur socio-économique, et la nécessaire instauration du bac professionnel pour réduire les déperditions au niveau des lycées avec une autonomie totale de l'université, où les responsables ne seront plus nommés par décret, pour que le LMD ne se transforme pas en MLD (maladie longue durée) ». Présent parmi l'auditoire, le professeur Aberkane, ex-ministre de la Santé, soulignera son adhésion à la réforme du LMD mais posera la pertinente question relative à « l'exploitation de l'Algérie par le biais du LMD par des universités européennes où nos compétences locales accroîtront un peu plus la fuite des cerveaux ». S'en suivront des débats instructifs auxquels ne participeront que rarement les étudiants.