Oh, yes ! Les planches du Théâtre régional constantinois ont vibré comme jamais auparavant au rythme de la musique endiablée de Bernard Allison qui a été, sans exagération aucune, une véritable cure de jouvence pour les privilégiés qui ont pu assister à cet incroyable show. L'engouement des amoureux du jazz et du blues était telle qu'une longue chaîne humaine s'était formée de bon matin devant le TRC, juste devant le point de vente des billets de la soirée de clôture. Une vente qui ne durera pas plus de dix minutes, le théâtre affichant complet. Des jeunes mélomanes sont venus de toutes les régions du pays, ainsi que des Tunisiens et des Français qui voulaient prendre part eux aussi à la fête. Même ambiance le soir : une marée humaine surexcitée attendait l'ouverture des portes du TRC, sous le regard ébahi, peut-être envieux, de ceux qui n'avaient pu se procurer le précieux sésame (billet d'entrée). Ces derniers ont dû se résoudre à s'installer du côté de l'esplanade se trouvant en face du TRC afin de ne rien rater du spectacle de l'Américain, grâce à l'écran géant qui y avait été installé. La retransmission du spectacle était de très bonne qualité, chose qui a atténué un tant soit peu la déception de ces fidèles du Dimajazz. On notera un peu plus tard que les spectateurs de l'esplanade (200 à peu près) ont pu se créer leur propre ambiance de fête, à la belle étoile. A l'intérieur, pas une seule place n'est restée libre. Après une bonne demi-heure d'attente, les membres du groupe font leur entrée sur scène, mais sans Bernard Allison. L'introduction sur le rythme de l'américan blues est bien habillée par le son perçant du saxophone du Panaméen qui accompagne le groupe, un José James en verve des grands soirs. Son jeu pur ne laisse personne indifférent. Ce prélude musical achevé, Bernard Allison décide de faire son entrée, sous une pluie d'applaudissements et une ovation à la mesure de l'artiste. Demandant directement au public : « Do you want to move ? » (Voulez-vous bouger ?), il aura droit à un « Yes ! » tonitruant. Vêtu d'un tee-shirt mauve à l'effigie de Jimi Hendrix, l'Américain semblait vouloir montrer ainsi son influence. Pour cette fois-ci, Bernard a décidé de troquer son chapeau texan contre un béret à la Che Guevera, et il avait raison de le faire, car son spectacle a été une véritable révolution. Après avoir eu une brève idée de l'immensité du talent de ce digne fils de Luther Allison, on ne pouvait s'empêcher de penser que le boy de Chicago est né avec une guitare à la main ! A ce propos, il n'oubliera pas d'évoquer son père, déclarant à l'auditoire : « Mon père est toujours avec moi là où je vais, et ce soir, il est ici avec nous à Constantine…Il m'a toujours dit de jouer ma musique comme je le sentais. » Il décide alors de lui dédier, comme de coutume, sa composition Serious qu'il exécutera avec autant de sérieux. Bernard fait des cordes ce qu'il veut. Avec sa langue ou guitare derrière la nuque, les cordes ne semblent point lui résister, car il arrive même à les faire parler et à en dégager de l'émotion, en jouant quelques notes et bougeant les lèvres comme s'il formulait quelques phrases… Le plus drôle, c'est que le public comprenait tout ce que sa guitare voulait lui dire. En somme, Bernard Allison est un véritable virtuose. Il enflammera trois heures durant la salle du TRC avec ses rythmes blues, funky et pop… Son spectacle restera comme l'un des meilleurs concerts offerts par le Dimajazz depuis sa création. A l'année prochaine…