De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La 7ème édition du Festival international de jazz, Dima Jazz, s'est clôturée jeudi soir sur un ton de blues avec un spectacle de haute performance musicale signé Bernard Allison. La production de cet Américain, pour la première fois en Algérie, a fait vibrer le TRC, dévoilant l'Amérique blues. Idole de Hendrix, Allison apporte sa touche indéniable avec autant de sonorités qui «surprennent» les décibels. Accompagnés de musiciens reconnaissables à leur feeling, tel ce «Ray Charles blanc» au piano, Bruce C., ou encore le saxophoniste et percussionniste alto Jose Ned James, Allison «junior» a offert un show du cœur. Véritable monstre de scène, il mettra tout le monde au tempo. Sa musique est inspirée des profondeurs du blues et minutieusement mise au diapason par des riffs, pop, jazz, rock, hip hop… Ce fils cadet de Luther Allison, autre géant de cette musique dite de tristesse ou de cafard pour les puristes bluesy, dévoilera au public après avoir joué quelques titres que «mon père me disait de jouer la musique comme on la perçoit». Mieux, à l'image des bluesmen, Allison ne révèlera en fin de spectacle, alors assailli par les médias qu'il ne lit ni écrit de la musique. «C'est mon cœur qui exécute les notes…» poursuivra-t-il. «B. B. King et mon père ne lisaient, ne jouaient pas devant des partitions.» Cet ex-amateur de basket-ball humble, riant… n'omettra pas pour autant celui qui l'a propulsé sur les premières scènes de sa carrière. Ainsi, il a offert à son «Dada» une chanson intitulée Serious. Cette ballade au solo fluide avec un backround toujours blues raconte les rudiments que son père lui prodiguait. Qu'a-t-il de plus sérieux que cela ? Emotif, le guitariste donnait l'impression de ne plus jamais terminer son solo, mais les motifs rythmiques muaient harmonieusement ce qui prolonge le plaisir des notes… on avait l'impression que cette chanson n'allait pas se terminer, devrions-nous lui dire. «My daddy, mon père…» a répondu l'artiste qui demeure toujours ancré dans cette musique traditionnelle pour ne pas trahir ses idoles, mais en apportant des changements qui ne font que multiplier les fans. Généreux, l'artiste comblera la soif musicale du public en leur donnant tous les sons possibles que sa guitare émettait. Ou plutôt qu'Allison faisait sortir de ses six cordes. Allison a calqué sans faute les prouesses de Jimi Hendrix. Il lui aurait prêté la main droite, ou la langue pour gratter les cordes. C'était fort de sensation lorsqu'il quittait la scène en entrant de pleine guitare au milieu du public. «Aimeriez être appelé ‘‘Jimi'' ?» Souriant et ému, Allison lâchera : «Ce serait formidable, mais il est géant…» Ce seul spectacle programmé pour la clôture de cette manifestation a été en fait prolongé. Car le groupe du guitariste voulait explorer toutes ses racines. Il prendra une autre guitare «rouge» en harmonie de couleur avec son «santiago» «rose» et s'attaquera à un autre répertoire plus rythmé avec ce boot neck (petit cylindre métallique) placé au doit qui glisse sans retenue sur le manche. Cependant, in fine, Allison calmera les esprits «bluesly» en exécutant l'hymne Amazing Grace et rendra même hommage à Henri Mancini en jouant son indélébile Panthère rose. Le public de Dima Jazz se souviendra longtemps de cette soirée explorant le talent musical américain… pas vraiment comme les autres. C'est sur une note de blues que les adeptes de Dima Jazz quittent la salle de théâtre. Cependant avant l'entame du show, le commissaire du festival a rassuré : «La 8ème édition est déjà enclenchée…» Notons enfin que cette réunion institutionnalisée en 2008 est appuyée par le ministère de la Culture et par la wilaya de Constantine.