Connu pour ses positions pro-arabes, respecté dans les milieux médiatique et intellectuel en France et au Moyen-Orient, Richard Labévière a été victime d'un «abus de pouvoir et délits d'opinion», selon son comité de soutien, qui a lancé une pétition sur internet (http://www.ipetitions.com/petition/Labeviere2008/index.html). «C'est un licenciement politique», a déclaré Labévière au quotidien libanais Assafir. «Sa hiérarchie ne l'a pas lâché durant ces dernières quatre années», témoigne un journaliste français proche de Labévière accusant «le lobby pro-sioniste» d'être derrière son licenciement. Lorsque Labévière signe en 1999 avec Pierre Péan un livre Bethléem en Palestine, il découvre sur son bureau une lettre de menaces : «Tu seras dépecé !» Il a également été écarté de son poste de rédacteur en chef de RFI pour avoir soutenu Alain Ménargues, auteur de deux livres que les autorités israéliennes et leurs partisans français ne lui ont pas pardonné : Les Secrets de la guerre du Liban et Le Mur de Sharon. «L'audiovisuel extérieur français (RFI, TV5 Monde et France 24) dirigé par l'épouse du ministre français des Affaires étrangères, Christine Ockrent, et le publicitaire Alain de Pouzilhac reprennent en main les options éditoriales de trois grands médias publics pour leur imposer une pensée et un discours uniques inconditionnellement pro-israélien», soutiennent les membres du comité de soutien au journaliste. «Le licenciement estival et précipité de Richard Labévière pour avoir interviewé le président syrien Bachar Al Assad s'inscrit dans la logique d'une nouvelle atteinte au pluralisme journalistique», souligne ce même comité. Le 9 juillet, une interview du président syrien, réalisée par Richard Labévière, est diffusée sur TV5 Monde et RFI, avec l'accord de sa hiérarchie, ce que cette dernière dément. C'est d'ailleurs cet argument qu'avance RFI pour justifier ce licenciement. Le journaliste devra s'exprimer sur cette affaire à la fin d'août à Beyrouth, lors d'une conférence de presse, et a décidé de mobiliser la justice et les recours syndicaux contre sa hiérarchie.