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Balades à Oran : Wahran El Bahia !
Publié dans El Watan le 20 - 08 - 2008

A l'image de la vierge Marie perchée sur les hauteurs du Murdjadjo, elle ouvre largement les bras vers le ciel pour accueillir ses hôtes d'un jour, puis pour toujours. Telle une princesse insouciante, El Bahia a les pieds dans l'eau et la tête au radieux soleil d'Afrique, sans jamais avoir tourné le dos à la mer. C'est dans cette ville chargée d'histoire et ô combien hospitalière que je suis né et où vous auriez sans doute aimé vivre. «L'Arabe sans nom» (je cite) des «Cités sans passé» ne vous a jamais considéré comme L'Etranger dans ce pays. Il manquait dans vos écrits, M. Camus, juste cette chaleur humaine qui aurait contribué à unir, dans un baiser d'amour, les deux lèvres de notre mère qui vous a vu naître : la Méditerranée.
Au boulevard Front de mer, on ne saurait résister à l'ivresse du verbe qu'une muse volage à ses amants promet. Il n'est pas de spectacle qui vaille ce que l'on ressent de ce balcon naturel, aménagé dans les années cinquante par Fouques Duparc, l'ancien député-maire d'Oran, qui compte à son actif l'actuel stade Zabana, près du jardin d'attraction dans le quartier d'El Hamri et surtout l'alimentation de la ville en eau douce à partir du barrage de Beni Bahdel ; situé dans la wilaya de Tlemcen. L'œil, dans ce lieu privilégié, embrasse un vaste panorama. Là-haut perché sur le Murdjadjo, comme un rapace surveillant la plaine, se dresse l'imposant fort de Santa-Cruz.
Sentinelle immobile, témoin de l'invasion et des razzias espagnoles pendant près de deux siècles, il regarde maintenant, dans le silence de ses hauteurs, l'ondoiement des vagues qui semblent danser au vent d'Espagne, le flamenco et l'andalou des fondateurs de la ville au Xe siècle. En grande partie détruite par le terrible tremblement de terre de 1790, Oran a été occupée une seconde fois par les Espagnols avant d'être définitivement libérée en 1792, sous le règne du Bey Mohamed El Kebir. Mais parler d'Oran sans convoquer ses saints ce serait trahir la mémoire des «Ouled Sid El Houari» le saint patron éponyme de la ville, qui a préféré se blottir parmi les siens dans son sanctuaire au pied de la montagne, dans les bas quartiers du vieil Oran. Du boulevard Front de Mer, on peut aussi apercevoir, de l'autre côté du pont Zabana, une vaste esplanade de détente où se trouve, en bordure de la falaise abrupte, la qouba de Sidi M'hamed moul el B'har qui étend sa baraka à tous les gens de la mer et surtout l'énigmatique Moul El Meïda qui trône fièrement sur le plateau du Murdjadjo, au- dessus d'un écrin de verdure de la forêt des Planteurs. On ne saurait oublier non plus Sidi Blal, au cœur de M'dina Jedida, Sidi El Hasni, ce descendant direct de la dynastie des Idrissides, et Sidi El Bachir, au plateau Saint-Michel, juste derrière le lycée Ibn Badis.
Comment ne pas vivre heureux et rassuré lorsque des saints veillent sur la ville, en unissant leurs voix silencieuses à celle de la vierge Marie dans leur prière œcuménique. De nombreux vestiges témoignent encore de la grandeur passée de la ville et de son histoire tumultueuse. On peut citer, entre autres, le palais du Bey Bouchlaghem (actuel Château Neuf), non loin de la place d'Armes, Bordj El Ahmar (Petit Santon) dans les bas quartiers de la Marine, érigées par Abou El Hassan, la mosquée turque à mi-chemin et à gauche de la rue des Jardins, qui aboutit à l'ex-place Kléber de Sidi El Houari, la mosquée du Pacha datant du XVIIIe siècle, et bien d'autres encore. Incontestablement, ce qui attire le plus les vacanciers pendant la saison estivale, ce sont surtout les stations balnéaires au sable fin, qui s'étalent tout le long de la corniche oranaise.
On a l'embarras du choix entre Saint Rock et Les Andalouses, avec son sable fin à perte de vue et son magnifique complexe touristique. Au plaisir de la baignade, les mordus de la pêche à la ligne peuvent taquiner le poisson dans les nombreuses criques qui séparent les plages. Au boulevard Front de mer, le temps passe très vite. Déjà dix-neuf heures. Le soleil joue à cache-cache derrière de petits paquets de nuages qui se teintent de couleur rouge et or. Encore quelques lueurs rougeâtres qui s'assombrissent comme si l'astre du jour cédait à regret la terre à la lune, qui vient de se lever à l'horizon opposé derrière la montagne des Lions. Au pied de ce massif se trouve Kristel, avec ses maisons accrochées au flanc de la montagne et son légendaire port de pêche. Chaque été, on organise à Sidi Moussa une manifestation mystique grâce à aux disciples du karkabou et du bœuf immolé dont la viande servira à garnir les plats de couscous offerts aux participants de ce rite.
Dans la douceur vespérale du Front de mer, le sol exhale ses dernières bouffées de chaleur humide, alors que l'atmosphère s'emplit d'agréables senteurs que la reine des nuits semble ramener avec elle d'Orient, autant que sa fraîche haleine. Les lampadaires viennent de s'allumer. Il fait déjà nuit. Du fort de Santa-Cruz, on ne distingue plus qu'un bouquet de lumières ocres qui semble suspendu dans les ténèbres. Juste après la clinique Lazreg, la vaste terrasse d'une crémerie est bondée de clients. Les échoppes de rôtisseries, grillades et autres fast-foods ne désemplissent pas non plus et jusqu'à des heures tardives. Dans une sorte de ballet incessant, une foule bigarrée déambule nonchalamment sous les hauts palmiers qui se poursuivent jusqu'au Théâtre de Verdure où se tenait le festival du raï jusqu'à cette année. De là, on peut emprunter la route en pente en passant par la Rampe Vallès, la Promenade de Létang aux arbres séculaires pour rejoindre la pêcherie du port d'Oran réputée pour ses spécialités de poissons. Au boulevard Front de mer, tout le monde se côtoie dans un respect mutuel : la jeunesse du Coran et de l'Internet, le jean moulant des jeunes femmes et le hijab à l'iranienne, le kamis et le short avec tee-shirt, la barbe du frère musulman et la queue de cheval à la garçon, l'extravagance et la sobriété, bref, le traditionnel et le moderne. Dans ce décor en mouvement, une replète quadragénaire, toute légère vêtue et exagérément maquillée passe dignement, la tête haute, sous le regard indifférent d'un frère en kamis. La fière dame frétille du popotin et de la poitrine que découvre, plus qu'il ne cache, un chemiser ajouré et largement décolleté.
Elle est suivie d'un caniche qui se dandine autant qu'elle. Certainement une de nos sœurs émigrées. Regards déshabilleurs d'une bande de jeunes loups accoudés au parapet du trottoir. «Balance, balance», persifle l'un des gamins. L'interpellée explose dans une bordée de mots qui n'a rien de lyrique. Fâcheux ? Il paraît que non et que nous sommes à l'heure de la parité et que tout est bon qui permet de s'éclater. Vénus et le chant lointain d'un coq viennent de rappeler aux noctambules qu'un jour nouveau vient de commencer. Quelque part, provenant de la sono d'un mariage, la voix métallique d'une chaba entre en conflit avec l'appel à la prière matinale d'un muezzin. C'était une balade au Front de mer, à la recherche d'un bonheur retrouvé. Tiens, la lune a oublié de se coucher


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