Le sergent-chef Warner, originaire de l'Oklahoma, est poursuivi, avec le lieutenant Michael Behenna, pour avoir tué Ali Mansour Mohamed, un Irakien détenu par les deux soldats. L'audition de Hal Warner doit durer deux jours. Elle précède celle du lieutenant Michael Behenna qui doit débuter le 20 septembre. Les deux hommes sont entendus par une cour militaire sur la base Speicher, située près de Tikrit, à 180 km au nord de la capitale irakienne. Cette cour décidera ensuite d'un renvoi ou pas de l'affaire devant une cour martiale. Ajournée à deux reprises, l'audience a finalement pu débuter hier. Le sergent-chef Warner est accusé de «meurtre avec préméditation, agression, faux témoignage et obstruction à la justice». Les deux soldats, dont la compagnie était basée près de la ville de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, sont poursuivis depuis l'enquête criminelle sur la mort de A. M. Mohamed, «un détenu dont on pensait initialement qu'il avait été relâché par les forces de la coalition le 16 mai 2008», selon l'armée américaine. Les faits remontent au 5 mai avec l'arrestation de A. M. Mohamed à son domicile de Tikrit. Lors de cette arrestation, l'Irakien est battu par le sergent-chef, selon le dossier de l'enquête. L'homme est ensuite détenu jusqu'au 16 mai alors qu'il aurait dû être libéré et conduit à un barrage tenu par les milices luttant contre Al Qaïda. Selon le dossier d'inculpation, le sergent-chef et le lieutenant Behenna ont abattu Mohamed avant de mettre le feu à son corps, à l'arrière d'un véhicule militaire, au moyen d'une grenade à thermite, une arme qui n'explose pas mais produit une chaleur intense. La grenade était placée sous la tête du détenu. L'accusé est apparu tendu lors de la première journée d'audience, alors que les chefs d'inculpation lui étaient signifiés. Le premier témoin, un officier de la police irakienne, a raconté avoir trouvé le corps le 17 mai sous un pont. Le corps était nu, partiellement brûlé au visage, étendu dans une mare de sang, selon l'officier de police, qui a indiqué que le corps n'était pas encore rigide. L'armée américaine est impliquée dans une série de scandales où des soldats sont soupçonnés d'avoir tué ou maltraité des civils irakiens de sang-froid. L'affaire de la tuerie de Haditha, le pire crime de guerre reproché aux Américains en Irak, est toujours jugée. Un groupe de Marines est accusé d'avoir tué 24 civils irakiens en novembre 2005, dans la localité de Haditha, après la mort d'un soldat tué par une bombe artisanale sur le bord de la route. Huit Marines avaient été initialement poursuivis en 2006, mais la plupart d'entre eux ont été acquittés ou les chefs d'inculpation abandonnés avant le procès final. En juin, un colonel des Marines, traduit en cour martiale pour son rôle présumé dans la tuerie de Haditha, a bénéficié d'un non-lieu, devenant le septième soldat blanchi. La procédure, instruite à Camp Pendleton, la plus grande base de Marines au monde, à 130 km au sud de Los Angeles, avait été ouverte après la mise au jour de l'affaire par l'hebdomadaire Time, au printemps 2006.