Un juge militaire américain a maintenu vendredi soir les accusations visant un Marine pour son rôle dans la tuerie de Haditha en Irak qui avait causé la mort de 24 civils en 2005, devenant le pire crime de guerre reproché aux Américains dans ce pays. Le sergent Frank Wuterich, 30 ans, est le dernier homme du rang qui reste encore passible de la cour martiale dans cette affaire, ses sept co-accusés ayant tous été blanchis. Le juge, le lieutenant-colonel David Jones, a indiqué vendredi que la «requête visant à abandonner les accusations contre le sergent Frank Wuterich est rejetée», lors de l'audience qui a eu lieu à Camp Pendleton (Californie), à 130 km au sud de Los Angeles. Cette décision ouvre la voie au procès du sergent Wuterich, dont l'ouverture a été fixée au 13 septembre par le juge Jones. Franck Wuterich a demandé à ce que le jury soit composé de militaires. La défense du sergent avait tenté de faire arrêter la procédure en affirmant que le général James Mattis qui avait formulé les accusations contre lui avait été irrégulièrement influencé par le colonel John Ewers, chargé de l'enquête sur l'affaire. Mais le juge a estimé qu'il n'y pas eu «d'influence irrégulière». Mains jointes, assis derrière une table, le sergent est resté impassible à l'énoncé de la décision. Frank Wuterich faisait dès le début figure d'accusé principal, étant mis en cause pour «homicide volontaire» sur au moins neuf personnes. Au cours des trois dernières années, lui-même et un groupe de soutien n'ont cessé de clamer son innocence dans les médias et sur internet. «Nous savons que notre fils est innocent, nous savons qu'il n'a rien fait de mal, nous savons qu'il a agi dans les règles», ont réagi vendredi les parents du sergent. «C'était un Marine qui faisait ce à quoi il avait été formé». La procédure, instruite à Camp Pendleton, la plus grande base de Marines au monde, avait été ouverte après la mise au jour de l'affaire par l'hebdomadaire Time au printemps 2006. Les faits remontent au 19 novembre 2005, lorsqu'un militaire américain participant à une patrouille avait été tué par une bombe artisanale placée en bord de route dans le village de Haditha, à 260 km à l'ouest de Baghdad. Selon les avocats des Marines, des insurgés cachés dans des maisons civiles ont alors commencé à tirer, et un combat s'est engagé, dans le respect des règles d'ouverture du feu fixées par le haut commandement. Toutefois, selon l'accusation, il n'y avait pas d'insurgés et les militaires se sont lancés dans trois heures de tuerie pour venger leur camarade, abattant même les cinq occupants d'un taxi qui s'approchait du quartier. Parmi les victimes, 10 étaient des femmes ou des enfants, tués à bout portant. Dans la même affaire, adaptée au grand écran («Battle for Haditha» du Britannique Nick Broomfield), un général américain deux étoiles et deux autres officiers du corps des Marines ont reçu des blâmes mais ne seront pas poursuivis.