C'est un plébiscite en faveur de ce que Evo Morales appelle lui-même la démocratie bolivienne. Il a été, en effet, élu sur la base de ce programme, et il n'avait pas en outre hésité à recourir au référendum pour conforter ce choix dès que l'opposition a commencé à se manifester. Auparavant, rappelle-t-on, c'étaient d'autres organisations internationales qui lui ont apporté leur soutien. Et, cerise sur le gâteau, les participants à la conférence des dirigeants sud-américains ont insisté sur le respect de l'intégrité territoriale de la Bolivie. Ils l'ont aussi invité à poursuivre le dialogue entamé à La Paz avec l'opposition libérale. Au palais présidentiel de La Paz, les négociations se sont poursuivies toute la nuit de lundi à hier entre le vice-président, Alvaro Garcia Linera, et le gouverneur de la région de Tarija, Mario Cossio, porte-parole des cinq gouverneurs autonomistes opposés à la politique du gouvernement. Un accord portant notamment sur un calendrier de négociations devait être signé, hier, en présence du président Evo Morales, ont indiqué des sources gouvernementales. Le dialogue entre l'Exécutif et l'opposition est gelé depuis huit mois et des affrontements entre partisans et adversaires du président Morales ont fait 18 morts et une centaine de blessés, jeudi, dans la région de Pando (nord). Les gouverneurs des provinces de Santa Cruz (est), Tarija (sud), Beni (nord), Pando et Chuquisaca (sud-ouest) refusent un projet de constitution gouvernemental qu'ils jugent trop étatiste et indigéniste, englobant une réforme agraire réduisant la taille des exploitations et une nouvelle répartition des recettes des taxes sur le gaz. Pour faciliter un accord et faire baisser la tension, les gouverneurs de l'opposition ont annoncé la suspension des manifestations et des blocus de routes dans leurs régions. Toutefois, le calme n'est pas encore revenu et à Santa-Cruz, le moteur économique du pays, des paysans, partisans de M. Morales, occupaient encore une route à 850 km à l'est de La Paz. Les autorités ont annoncé que 11 personnes avaient été arrêtées par l'armée à Pando, où l'état de siège a été déclaré après les violences du milieu de la semaine dernière. Le chef de l'Etat a remercié les participants pour leur «position ferme en faveur de la démocratie», ajoutant : «Espérons que les groupes d'opposition puissent comprendre ce manifeste sud-américain.» Les dirigeants sud-américains ont mis en place une commission devant aider à la tenue d'une table ronde et au déroulement des négociations. Les présidents «expriment leur soutien ferme et total au gouvernement constitutionnel du président Evo Morales, qui a vu son mandat ratifié (lors d'un référendum en août), à une ample majorité», indique la Déclaration de La Moneda, du nom du palais présidentiel chilien où elle a été signée. Les dirigeants de la région avertissent aussi qu'ils «ne reconnaîtront aucune situation de rupture de l'ordre constitutionnel qui puisse compromettre l'union de la République de Bolivie». Les plus proches alliés de M. Morales, le Venezuelien Hugo Chavez et l'Equatorien Rafael Correa, avaient répondu «présents» à l'invitation lancée samedi par la Chilienne Michelle Bachelet, tout comme le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Colombien, Alvaro Uribe, l'Argentine Cristina Kirchner, le Paraguayen, Fernando Lugo, et l'Uruguayen, Tabare Vazquez. La présence de Lula a été «déterminante», a-t-on indiqué de source diplomatique. En effet, il jouit d'une influence modératrice auprès de ses collègues, notamment M. Chavez. Et il a l'écoute des gouverneurs d'opposition boliviens qui dirigent des régions pour la plupart voisines et fortement influencées par le géant brésilien. Le geste était vraiment fort, et Morales en a même fait un manifeste. Un grand pas pour l'Amérique latine.