Sur le délicat dossier de l'immigration, José Luis Zapatero se démarque de Silvio Berlusconi. Alors que son homologue italien poursuit sa politique restrictive vis-à-vis des sans-papiers, le Premier ministre espagnol, lui, a adouci la semaine dernière sa réforme. Sur pression des ONG, l'exécutif de José Luis Zapatero a, selon le journal suisse Le Temps, remanié son projet de loi d'extranjeria (qui concerne les étrangers) dans un sens bien plus modéré que ce qui était initialement prévu : les ONG travaillant avec des « illégaux » ne seront plus passibles d'une amende de 10 000 euros – seuls seront punis ceux qui font entrer dans le pays des clandestins dans un but lucratif ; les immigrés des centres de rétention (dont la durée de séjour passe de quarante à soixante jours) bénéficieront finalement d'une assistance juridique s'ils contestent leur expulsion ; en outre, les « moins de 18 ans, ou leurs représentants, seront auditionnés » avant que l'on statue sur leur rapatriement. Les défenseurs des sans-papiers se réjouissent surtout de deux initiatives « modérées ». Primo, le regroupement familial est plus flexible. La venue en Espagne du conjoint d'un immigré (légal) est désormais autorisée, ainsi que celle des enfants mineurs ou handicapés, et celle des géniteurs – si au moins l'un des deux a plus de 65 ans. Secundo, les étrangères sans papiers victimes de la violence conjugale (soit 44% des femmes –assassinées par leur conjoint en 2008) bénéficieront d'un permis de résidence et de travail. Les associations d'immigrés sont soulagées. Même si elle se durcit quelque peu, la législation espagnole demeurera donc relativement permissive. A la faveur de la prospérité économique depuis les années 1990 (et donc du besoin de main-d'œuvre étrangère), les arrivées ont été jusqu'ici massives – 5,5 millions d'étrangers aujourd'hui. Mais, avec 17,4% de la population active au chômage, José Luis Zapatero a dû se montrer ferme. Quitte à tomber dans l'excès de zèle.