Cette enquête a été lancée à l'initiative du doyen de l'institution, Shakour Shaalan, qui représente l'Egypte et d'autres pays arabes au conseil d'administration du FMI, «qui a eu l'écho de certaines allégations cet été», a indiqué William Murray, porte-parole du FMI. Le quotidien américain Wall Street Journal a rapporté, lui aussi, que «le directeur du FMI faisait l'objet d'une enquête sur un possible abus de pouvoir dans le cadre de relations intimes avec une subordonnée», en l'occurrence, Mme Piroska Nagy, une ancienne responsable d'origine hongroise du département Afrique du FMI, de surcroît mariée. Le porte-parole du FMI a indiqué que «toutes les allégations et en particulier celles impliquant la haute direction sont prises extrêmement au sérieux». Les enquêteurs se demandent si M. Strauss-Kahn a fait dans le favoritisme à l'égard de Mme Nagy dans le cadre de ses missions au sein du FMI. Pour sa part, M. Strauss-Kahn a indiqué, dans un communiqué, donner «son plein soutien» à cette enquête, portant «sur un incident qui est survenu dans ma vie privée en janvier 2008». «J'ai coopéré et je continue de coopérer», a-t-il poursuivi, en assurant «n'avoir jamais abusé de ma position de directeur du Fonds». Il convient de rappeler qu'en mai 2007, le président de la Banque mondiale (BM), Paul Wolfowitz, avait dû quitter ses fonctions après avoir été accusé d'avoir personnellement demandé l'avancement de sa compagne, également employée par la BM. Cette démission mettait un terme à une crise de six semaines qui avait sérieusement ébranlé la crédibilité de l'institution. Il faut dire par ailleurs que l'enquête sur le directeur du FMI intervient dans un contexte où la crise financière qui secoue l'Occident a amené les dirigeants de certains pays de l'UE à réfléchir sur la possibilité d'aller vers un nouveau «Bretton Woods». En effet, face à la contagion de la crise financière à l'économie réelle et après une semaine mouvementée sur les places boursières, l'Europe tente aujourd'hui de convaincre les Etats-Unis de la nécessité d'une refonte du système financier mondial. Le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, devaient débattre de ce sujet avec George W. Bush hier après-midi, dans la résidence présidentielle américaine de Camp David (Maryland). Leur objectif est de réunir un sommet pour fixer les règles du jeu d'un nouvel ordre financier international, comme à la conférence de Bretton Woods en juillet 1944, qui avait vu la naissance du FMI. M. Sarkozy a déclaré vendredi au sommet de la francophonie qui se tient au Québec avoir «l'impression que le principe est acquis» d'un tel sommet avant la fin 2008. Pour M. Sarkozy, un tel sommet devrait réunir les pays du G8 élargi au G5, soit les cinq pays émergents que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud, ainsi qu'à «un pays arabe». En attendant, la Commission européenne a annoncé vendredi qu'elle allait faire des propositions d'ici la fin 2008 pour réduire les risques du marché des crédits dérivés, à l'origine de la crise financière.