Aux difficultés de la vie en milieu rural et au maigre pouvoir d'achat viennent s'ajouter les injonctions de l'administration compliquant encore davantage aux paysans de la commune d'Ighram une situation peu reluisante. La dernière contrainte en date qui n'a pas manqué de les excéder concerne la mise en demeure que le subdivisionnaire de l'urbanisme et de la construction (SUC) d'Akbou a adressée à tous ceux qui ont bénéficié d'une aide financière dans le cadre du logement rural et qui n'ont pas achevé de construire leur projet d'habitation dans les délais qui leur sont impartis. A cet effet, les bénéficiaires sont sommés d'achever leurs logements au plus tard le 15 juin prochain faute de quoi le reste de l'aide qui leur a été octroyée leur sera annulée et des titres de perception pour rembourser les tranches retirées seront établis. « Comment des villageois qu'on aide peuvent-ils achever une construction avec un sac de ciment à 650 DA ? », s'interroge Madjid Ighessanen, le coordinateur local de l'UNPA. « Il est vrai que cet indispensable matériau ne coûte que 310 DA à l'EDIMCO mais cela fait deux mois que certains d'entre eux attendent d'être programmés pour en bénéficier, en vain », ajoutera-t-il tout en espérant que les pouvoirs publics interviennent pour mettre un peu d'ordre dans ce secteur. Les bénéficiaires de cette aide au logement rural ne sont pas les seuls à se retrouver dos au mur. Près d'une vingtaine d'éleveurs et d'aviculteurs activant à Ighram, Ighil Nacer et Tighilt Makhlouf attendent apprend-on, depuis deux ans une hypothétique électrification de leur étables et poulaillers. « Les éleveurs continuent à traire leurs vaches laitières manuellement et les aviculteurs se résignent à exploiter leurs poulaillers sans humidificateurs », déplorera notre interlocuteur. « Par ailleurs, plusieurs demandes relatives à l'ouverture de pistes agricoles, à l'électrification et autre éclairage public dans le cadre du PPDRI n'ont pas été à ce jour concrétisées », regrettera encore M. Ighessanen. Mokrane Tensaout, membre de l'association des producteurs de lait de la wilaya de Béjaïa, s'insurge, quant à lui, contre la revue à la baisse du prix de lait cru, imposée aux éleveurs unilatéralement par les transformateurs de lait. « Certains éleveurs ont du céder le lait de vache cru à 28 DA le litre en accusant, en un temps relativement court, une perte importante dans la mesure où ils le vendaient il n'y a pas longtemps 5 ou 6 DA de plus », nous fera-t-il remarquer. Les éleveurs n'ont pas eu, selon ses dires, le temps de savourer la prime qui leur a été octroyée par l'Etat pour les inciter à augmenter leur production.