De bonnes réactions au Fronton d'il y a deux semaines dans lequel nous faisions part du potentiel culturel méconnu de Mascara. Mais un lecteur du cru, Mohamed El Keurti, président de l'association culturelle Emir Abdelkader, nous a reproché amicalement un autre article sur la reprise du cinéclub Chrysalide d'Alger que nous présentions comme « le seul sur le territoire national pendant plusieurs années ». Et de nous apprendre que celui de Mascara active depuis près de 22 ans, presque sans interruption, et bénéficie désormais du soutien actif de la maison de la culture, ouverte en 2002. Le bilan qu'il joint est éloquent et dévoile une belle programmation avec des cycles par auteurs (Hitchcock, Wilder, Kubrick…) ou par thèmes (cinéma et boxe, guerre au cinéma…) et des grands noms tels Kubrick, Forman, Polanski, Coppola, Chahine… Ces jours-ci, le nouveau cinéma espagnol est à l'affiche avec notamment Parle avec elle d'Almodovar. Que dire, sinon bravo, compte tenu des difficultés que cite notre interlocuteur. Bravo, oui. Mais jusqu'à ce jour, nous n'avions jamais reçu d'informations et nous ne pouvions donc deviner l'existence de ce noyau de cinéphiles qui aura plaisir peut-être à apprendre que la principale responsable du cinéclub Chrysalide est originaire de leur ville. Et puisque nous y sommes, restons-y en évoquant l'année Guermaz consacrée au grand peintre (Mascara 1919- Paris 1996), aîné des pionniers de l'art moderne algérien. Le Cercle de ses amis, parmi lesquels l'écrivain Hamid Skif qui prépare un ouvrage sur l'artiste, continue à faire avancer l'initiative. Après le Centre culturel algérien de Paris, la ville d'Oran est entrée hier dans le programme par une conférence sur la vie et l'œuvre de l'exilé tandis que sa ville natale semble demeurer en retrait de la commémoration ! On nous signale par ailleurs qu'une de ses toiles, sans titre et de petit format, va être mise aux enchères, le 16 juin prochain à Paris, par Christie's, l'un des deux plus grands courtiers d'art au monde. La mise à prix n'est que de 800 à 1000 euros. Le ministère de la Culture ne pourrait-il pas l'acquérir ou doter le Musée national des beaux-arts d'un budget complémentaire puisque celui-ci a apparemment épuisé sa cagnotte en achetant cette année sept œuvres, ce qui ne s'était pas produit depuis 1995. En annonçant d'ailleurs cette nouvelle, la directrice du musée signalait que certains artistes algériens de renom, tel Benanteur, étaient sous-représentés dans la collection. Eh bien, avec le Guermaz, se vend aussi un Benanteur, Nuit à Bagdad, estimé à au moins 20 000 euros, ainsi qu'un magnifique Lazerges, Femmes kabyles à la source, un Verschaffelt, Ruelles animées dans La Casbah, un Mahdjoub Ben Bella, etc. Nos réserves de change seraient-elles affectées d'une telle dépense quand les œuvres d'art demeurent, en dépit de la crise, des valeurs financières sûres et, ce qui est encore plus sûr, des valeurs culturelles ?