La vingt-deuxième édition de la fête de la fraise vient de prendre fin. Les festivités auront duré trois jours, et c'est finalement jeudi dernier que s'est tenue, à l'hôtel de ville, la cérémonie de clôture, exclusivement réservée à la remise des prix. Cette année encore, et ce n'est pas une surprise, la commune de Tamalous a décroché le prix de la meilleure production de fraises, confirmant la perte de vitesse de la commune de Skikda. Succulentes et très juteuses, les fraises de Tamalous restent de loin les plus prisées et ont même volé la vedette à celles cultivées sur les monts de la Grande Plage et de Aïn Zouit. Le lauréat est, par ailleurs, originaire de la région de Aïn Chraïa. Le prix de la meilleure tarte aux fraises est, quant à lui, revenu à Guerguat, l'un des pâtissiers les plus appréciés de la ville. D'autres prix ont été également remis pour récompenser la meilleure confiture de fraises, miss Fraise 2009 (en la personne d'une jeune étudiante en droit âgée de 24 ans), mais également la confection de pâtisseries traditionnelles. Ainsi, c'est dans une ambiance bon enfant que l'édition 2009 s'est achevée. Les festivités, qui ont par ailleurs été inaugurées par un défilé triomphal des troupes folkloriques, ont permis à la population skikdie, avide de distractions, de démarrer la saison estivale d'un bon pied. Une foule impressionnante, venue de plusieurs wilayas, a assisté à cette fête traditionnelle. C'était également une occasion pour les agriculteurs de la wilaya, venus exhiber leurs produits, d'exprimer leurs craintes quant au devenir de la culture. Tous se sont accordés à dire que « la production de cette année, et contrairement aux chiffres officiels, a diminué. La forte pluviométrie enregistrée ces derniers mois, et en particulier durant le mois d'avril, a complètement fragilisé la fraise ». Le subdivisionnaire agricole de Skikda soutient, pour sa part, que « ça aura été une production-record cette année ». Une occasion pour les agriculteurs de soulever leurs problèmes Et d'expliquer : « Les aléas climatiques influent forcément sur la production. Seulement, la forte pluviométrie, enregistrée ces derniers mois durant la période de floraison, et le début de maturité ne diminuent en rien de la production globale estimée à 24 210 q. Bien au contraire, cela a provoqué l'éclosion d'autres bouquets de fleurs. On s'attend d'ailleurs à une production qui va s'échelonner jusqu'à la fin juillet ». D'autres difficultés guettent, cependant, les agriculteurs de Tamalous, région de la fraise par excellence, qui continuent d'utiliser des méthodes archaïques pour cultiver ce prestigieux produit. Ils expliqueront à ce sujet : « Nous sommes obligés, faute de moyens, de transporter la fraise à dos de mulet. Or, ce fruit, très fragile, nécessite une manipulation très délicate ». Néanmoins, la variété autochtone « Lemkerkba » de Tamalous offre, à ce jour, les plus succulentes des fraises. Cette fête a aussi été l'occasion, à travers une discussion entre des spécialistes locaux, d'aborder la question de l'origine de la fraise de Skikda et de rectifier une erreur communément admise sur celle-ci. Ainsi, et contrairement à ce que tout le monde croit, la première fraise à été introduite au cours de la seconde guerre mondiale par un pied-noir du nom de Buono, qui avait tenté sa première plantation au niveau de la Grande Plage, et c'est après, en 1920, qu'un colon italien est revenu planter cette variété locale, « Lemkerkba » en l'occurrence, qui occupe actuellement 80% des superficies plantées sur le territoire de la wilaya, et plus particulièrement sur les montages de Tamalous, Stora, La Grande Plage et Aïn Zouit. Sa remarquable évolution, un siècle durant, est essentiellement liée au milieu dans lequel elle croît, puisque 95% des superficies de fraises sont localisées dans les versants Nord qui lui assurent une fraîcheur permanente, stabilisant ainsi sa matière organique. Sa couleur rougeâtre, son parfum très fort, l'abondance de son jus et le taux très élevé de son sucre la placent à la tête de toutes les autres variétés. Sa courte durée de conservation, qui se limite à deux jours, reste son seul inconvénient. En 1970, la Tioga et la Douglas, deux autres variétés, sont venues s'ajouter à la Russicade. Elle est célébrée depuis vingt-deux ans à Skikda. D'année en année, l'APC de Skikda, qui organise la manifestation, tente de faire mieux. Certains échos de la population rapportent ceci : « En gros, c'est pas mal. Mais, on espère que ça sera meilleur l'année prochaine. » Et un visiteur d'ajouter : « Je me suis spécialement déplacé d'Alger pour assister à cette fête. Mais, je m'attendais à une manifestation plus importante ». Des ménagères dénoncent, pour leur part, les prix exorbitants affichés par les producteurs qui, après la cérémonie, revendaient leurs produits à des tarifs prohibitifs, soit près du double des prix habituels du marché. « Aujourd'hui est un jour de fête, et chaque famille skikdie devrait avoir de la fraise comme dessert sur sa table. Malheureusement, avec ces prix, la fraise n'est pas à la portée des petites bourses », dira une dame.