La visite de travail de trois jours de Abdelaziz Ziari a été voulue à caractère strictement parlementaire. Le président de l'Assemblée populaire nationale a, en effet, rencontré de mercredi à vendredi outre son homologue français Bernard Accoyer, les responsables des groupes parlementaires, le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Axel Poniatowski, le président du Sénat du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, Gérard Larcher, président du Sénat. Mais aucun membre de l'Exécutif. Paris De notre bureau Le président de l'APN a affirmé à la presse nationale que les institutions législative et exécutive sont distinctes, qu'il y a une séparation des pouvoirs. Pourtant, cette règle n'a pas toujours été observée, d'un côté comme de l'autre, y compris dans un passé tout récent. Cela n'a pas empêché le président de l'APN d'aborder avec ses différents interlocuteurs des problèmes politiques et diplomatiques bilatéraux et internationaux. L'acte bilatéral le plus saillant de cette visite a été l'adoption et la signature par les présidents des deux assemblées parlementaires, jeudi matin, au cours d'une réunion regroupant des députés des deux assemblées du règlement intérieur de la Grande commission interparlementaire France-Algérie, qui a été créée par le protocole-cadre signé à Alger le 21 janvier 2007. La Grande commission, co-présidée par les deux présidents, se réunira en principe tous les ans, alternativement dans les deux pays. Ses thèmes de travail seront fixés d'un commun accord. Sur l'invitation du président Ziari, la première réunion de cette Grande commission devrait se tenir à Alger à la fin de cette année. Cette visite avait aussi – surtout – pour but de relancer un dialogue brouillé par des « ambiguïtés », voire de corriger des « erreurs » comme celle de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, qui a jeté un froid entre Alger et Paris et a été à l'origine du capotage du traité d'amitié. Et un des cadres appropriés de ce dialogue assaini serait cette grande commission parlementaire. « Les relations interparlementaires sont déjà très riches, très denses et nous allons les approfondir », a déclaré, à l'issue de cette cérémonie, Bernard Accoyer aux journalistes présents à cette cérémonie. Et d'ajouter : « La diplomatie parlementaire, c'est-à-dire le travail entre des assemblées à des degrés très élevés, c'est ce que nous sommes en train de mettre en place entre l'Algérie et la France. Cette grande commission est créée pour parler de tout, pour résoudre les problèmes et préparer l'avenir pour la jeunesse, qui est notre avenir commun. » Pour Abdelaziz Ziari, cette grande commission est une création « nouvelle et importante » puisque l'Assemblée nationale française n'en a de similaire qu'avec la Russie, la Chine et le Canada. « Nous sommes le quatrième pays à mettre en place cette commission. Cela va être le cadre dans lequel nous allons aborder un certain nombre de thèmes que nous choisirons en commun, qu'ils aient un caractère multilatéral ou strictement bilatéral. Des thèmes qui feront aussi l'objet de propositions à nos exécutifs respectifs, qui feront avancer les idées, qui lèveront les ambiguïtés sur des questions qui nous permettront de mieux nous entendre. » En réponse à une question de notre consœur du Soir d'Algérie sur l'article 4 de la loi du 23 février 2005 (sur les bienfaits de la colonisation), Bernard Accoyer a affirmé qu'après le gel de cet article, un travail en commun avec tous les groupes parlementaires a débouché sur l'adoption d'un rapport sur les questions mémorielles « qui fait que désormais, nous n'aurons plus jamais à la faveur d'une initiative malencontreuse, regrettable à voir des problèmes de cette nature apparaître ». « Il y a aussi bien d'autres problèmes très concrets qui touchent non seulement au travail parlementaire, mais aussi à la préparation de dossiers aussi importants que les questions qui touchent à l'énergie comme l'a suggéré, et nous l'avons retenu, le président Ziari, la question alimentaire qui est au cœur de tous les problèmes de développement et le défi de l'Union pour la Méditerranée. » « Cette nouvelle étape dans les relations avec la France va-t-elle pousser Paris à faire le geste de repentance demandée par l'Algérie ? », demande une journaliste de la presse internationale. « C'est une question qui appartient d'abord aux parlementaires français et au peuple de France. Cette question de repentance n'a pas fait l'objet de nos discussions ni d'aucune forme d'un quelconque préalable, nous laissons le temps faire son œuvre, je crois que le chef de l'Etat lui-même l'a dit récemment, dans ce domaine-là il aurait des propositions originales, il y a aussi beaucoup de choses importantes que nous devons faire, l'Algérie a une jeunesse très active et parfois revendicative et nous devons construire l'avenir de ces jeunes. C'est cela le plus important pour nous. Je crois que s'il y avait des liens plus constants, plus réguliers, dans le passé entre parlementaires, peut-être même que cet événement que vous avez cité (article 4 de la loi du 23 février 2005) n'aurait pas eu lieu. » A la question d'El Watan sur l'adoption par le Conseil des ministres français du projet de loi relatif à « la réparation des conséquences sanitaires des essais nucléaires français au Sahara et en Polynésie », Abdelaziz Ziari estime que « c'est une loi qui rend optimiste, cela veut dire que les choses évoluent et que le temps aidant, beaucoup d'erreurs du passé peuvent être rectifiées dans l'avenir ». Pour Bernard Accoyer : « Il faut toujours lire les événements avec le temps dans lequel on vit. Sur ce point vous avez l'illustration concrète de tout l'intérêt qu'il y a d'avoir des liens au niveau parlementaire, puisque-là, nous sommes devant une perspective législative et vous pouvez compter sur les parlementaires français pour se montrer réalistes, constructifs et justes. »