La stèle devait à l'origine porter les noms de quatre membres de l'Organisation armée secrète (OAS) condamnés à mort par les tribunaux militaires et exécutés, mais elle ne comportait plus que les dates de leur décès avec la mention « Aux combattants tombés pour que vive l'Algérie française ». Leurs « agissements, bien qu'amnistiés, demeurent et ne sauraient, en tout état de cause, faire l'objet d'une quelconque apologie publique plus ou moins explicite, constitutive d'une atteinte aux nécessités de la sauvegarde de l'ordre public», a estimé le tribunal. Celui-ci note aussi qu'un cimetière doit rester un lieu de « neutralité ». Or, la stèle érigée par l'association Adimad (Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française) est « susceptible de manquer de respect aux familles des victimes d'activistes de l'OAS, au nombre desquels se trouve le père du requérant, et de heurter certains usagers du cimetière ». Deux de ces membres de l'OAS avaient participé en 1961 à l'assassinat du commissaire central d'Alger, Roger Gavoury, dont le fils Jean-François Gavoury était l'auteur d'une demande au tribunal administratif pour faire enlever la stèle. Les réactions en faveur de cette décision sont nombreuses. Ainsi, la Ligue des droits de l'homme, dans un communiqué du 20 novembre dernier, estime qu'«il est heureux que ce monument, qui ravivait de vieilles haines, ait disparu de l'espace public et que la municipalité ait annoncé son intention d'ériger à sa place une stèle à tous les morts de la guerre d'Algérie». La Ligue des droits de l'homme recommande de faire de même avec le monument du cimetière de Haut-Vernet à Perpignan, édifié en 2003 et «dont celui de Marignane était la copie conforme, ainsi qu'avec les plaques et autres monuments en hommage aux mêmes assassins édifiés dans des lieux publics, à Nice, Théoule-sur-Mer, Béziers et autres lieux ». «Ce qui est en cause, c'est la nécessité de ne plus s'enfermer dans des conflits d'hier et de créer les conditions de relations apaisées entre la France et l'Algérie, comme entre les Français héritiers d'histoires familiales différentes durant ce conflit», note encore la LDH. Pour l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo) et l'Association des amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons «l'application de la décision du tribunal administratif de Marseille marque la fin d'un épisode honteux de ces menées révisionnistes qui n'auraient jamais dû être tolérées». «Il importe donc de poursuivre la dénonciation et obtenir l'enlèvement de ces plaques et monuments de la discorde implantés sur le domaine public à Nice, à Théoule-sur-Mer, à Perpignan, à Béziers et ailleurs».. L'Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis (récemment créée) se félicite du démantèlement de la stèle érigée à Marignane « qui prétendait honorer nervis et assassins de l'OAS du titre de combattant et de patriote ». «Laver ainsi cette indignité ne saura pourtant faire oublier aux pieds-noirs, au peuple algérien et à leurs amis combien la spirale infernale des meurtres de cette organisation terroriste fasciste a terriblement assombri la fin de la guerre de libération d'un peuple et forcé un autre à l'exil. » « …Il n'est pas tolérable que des manifestations ‘'d'hommage'' à des terroristes qui ont la mort sanglante de milliers de personnes sur la conscience et qui ont tenté de renverser la République, puissent se dérouler en présence des drapeaux sur ces monuments aussi bien que sur les tombes de tels criminels», souligne pour sa part le MRAP.