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L'Unique dans l'Unique
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2008

C'est une TV complètement déconnectée des réalités nationales et internationales, une TV sans ancrage ni état d'âme. Et pourtant, il n'y a pas si longtemps, durant les années 1970 et 1990 et malgré la chape du système et les restrictions de l'époque, cette même TV, aussi paradoxal que cela puisse paraître, produisait mieux en qualité et en quantité tous genres confondus (1). Les programmes étaient plus diversifiés et mieux pensés. Jusqu'à être considérés, non sans exagérer, parmi les meilleures TV du Tiers-Monde, en général, et du Monde arabe, en particulier.
Les méfaits de la décennie noire et l'attaque en règle contre toutes les structures d'expression audiovisuelle, théâtrale, artistique … leur remise en cause sinon leur fermeture et l'absence d'une politique claire, franche et résolue, a gravement affecté ces secteurs, en particulier l'ENTV qui s'échine aujourd'hui à reproduire et à singer les TV arabes qui n'ont ni l'envergure ni les potentialités qu'elle recèle.
Effectivement, la majeure partie des productions et des programmes sont un non-sens et ne répondent à aucun critère, les normes élémentaires qui en font une TV normale, sont tout simplement bafouées, voire piétinées comme l'illustre d'ailleurs parfaitement cet adage de chez nous «Deb rakeb moulah» (intraduisible en français) et tout cela au grand bonheur des responsables qui se complaisent dans cette situation et l'encouragent (2).
Pour satisfaire ses besoins en matière de production, l'ENTV fait appel à certaines boîtes privées qui se sont à la longue imposées comme principaux partenaires. La plupart d'entre elles, d'origine ambiguë et qui s'affublent abusivement du titre de «producteurs exécutifs» (3), ne remplissent pas la moindre qualité requise et font beaucoup plus dans le bricolage et la triche. Les budgets (à coups de milliards), qui leur sont alloués initialement, sont grignotés au maximum pour n'être investis qu'aux trois quarts seulement. Le manque à gagner est alors compensé par la surexploitation (digne du temps de l'esclavagisme) du personnel technico-artistique, des comédiens et des figurants ; de la non-prise en charge effective et qualitative dans la restauration, l'hébergement et le transport, le sous-paiement et le non-respect des contrats… sont autant d'ingrédients et de ruses pour satisfaire leurs propres besoins.
Toujours dans le souci de rentabilité et poussant leur insolence de plus en plus loin, ces nouveaux «charlatans de l'audiovisuel» n'hésitent pas à employer des membres leur propre famille (dénués de toute expérience) dans des postes clés sans la moindre gêne, font travailler des novices et des stagiaires de nationalité étrangère à la place des professionnelsTout est alors permis.
A chacun de s'improviser en réalisateur, directeur de la photo, ingénieur du son, décorateur…
Les génériques sont, à ce propos, plus que révélateurs de l'usurpation des fonctions. Le piétinement des règles élémentaires des métiers des AV est monnaie courante sur les plateaux de tournage.
Cette atmosphère de souk n'a fait qu'engendrer des productions qui versent dans le n'importe quoi et le n'importe comment à la limite du délire. L'absence de repères et l'acharnement à vouloir calquer et à plagier les chaînes de TV arabes, culturellement, linguistiquement, psychologiquement et «comportementalement» a complètement annihilé la création, l'imagination et l'intelligence.
L'exemple des feuilletons qui s'efforcent, entre autres, à s'exprimer dans la langue d'El Moutanabi (que je respecte d'ailleurs beaucoup) et dans un contexte algérien relève tout simplement du domaine de la haute psychiatrie. Celui qui a dit que le ridicule ne tue pas, se trompe à quelques nuances près, parce que chez nous, il s'est imposé comme principe cardinal et il fait d'énormes dégâts.
N'est-ce pas qu'en dehors de leur langue officielle, qui n'est employée que dans l'officiel à l'exemple du journal télévisé, toutes les TV du monde s'expriment dans leurs langues respectives et leurs productions sont culturellement et linguistiquement spécifiques et ceci est tout à fait normal et naturel!
Chez nous, par contre, c'est le reniement caractérisé pour la simple raison que notre chère ENTV éprouve de la gêne et de la honte quand il s'agit de culture populaire. Atteints par le complexe du «syndrome de l'arabité», nos décideurs veulent prouver quoi en fait?
Que nous sommes des moins que rien? Ignorent-ils à ce point que durant l'occupation, la France coloniale, pour mieux déposséder le peuple algérien, a tout fait pour l'aliéner et l'annihiler dans tout ce qu'il a de plus précieux, sa mémoire et sa culture.
Face à cette situation de déliquescence et de déni, il serait immoral et improductif de continuer à œuvrer à contre-sens de la société algérienne et à gaspiller l'argent du peuple en le leurrant dans des produits ineptes et stériles.
L'ambiance euphorique et grandiloquente des manifestations de prestige organisées ces derniers temps ne peut dissimuler le malaise profond dans lequel se trouve le secteur, et ce n'est pas en plaçant la charrue avant les bœufs que cela avancera.
Sans vouloir verser dans le catastrophisme ni prétendre donner des leçons, j'estime, par contre, qu'il est du devoir des pouvoirs publics de s'y impliquer sérieusement afin de mettre un terme à cette situation où le gain facile et l'aventurisme l'emportent sur tout autre considération. A plus forte raison et dans le détail, l'Entreprise nationale de télévision algérienne n'est la propriété de personne, n'est la chasse gardée de quiconque, c'est une entreprise publique morale au service exclusif du public ; c'est une entreprise étatique hautement stratégique dont la mission première est plus que symbolique, à savoir protéger et consolider le patrimoine culturel dans toute sa dimension et sa diversité, le faire connaître et le promouvoir sur le terrain dans une vision moderne et ouverte à l'universalité.
Toutes propensions gardées, seules des compétences consciencieuses sont en mesure de concrétiser cette noble mission. Ces compétences heureusement elles existent, elles sont au sein même de l'ENTV mais écartées, elles sont à l'extérieur à titre d'indépendants en chômage technique, elles sont dans des boîtes privées, mais isolées.
Les solutions existent pour rehausser le secteur à sa juste valeur sur des bases plus saines, plus conviviales et plus attractives, dans le respect et la dignité de toutes et de tous. Pourvu que la volonté politique de changement existe et a fortiori évite de reconduire les mêmes schémas sur les futures nouvelles chaînes de TV locales, parce que c'est multiplier encore davantage les problèmes.
«A chacun son métier et les vaches seront bien gardées». Simplement, clairement et sans rancune. Au passage, je tiens à féliciter la presse écrite (indépendante), son courage, sa persévérance et son professionnalisme ; grâce à laquelle nous sommes quotidiennement informés sur la situation du pays. Un grand bravo.
Notes de renvoi
– (1) Sauf l'austère journal télévisé qui a toujours fonctionné en vase clos aussi bien dans la forme que dans le fond et qui est resté inchangé à ce jour.
– (2) Là-dessus, je ne blâme aucunement les corps professionnels de l'ENTV qui sont contraints d'exercer leur travail dans des conditions où le climat professionnel n'existe pratiquement pas.
– (3) Je rassure les véritables boîtes privées professionnelles qu'elles ne sont nullement concernées.
L'auteur est ingénieur du son-Alger


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