Les habitants de Ksar El Azeb, tout au plus 2 000 âmes, ont exprimé leur mécontentement dans une pétition destinée au maire de leur commune et au wali de Guelma, et dont une copie nous a été remise. Plusieurs revendications y sont mentionnées : état des routes, aménagement urbain, électrification rurale et urbaine, etc. Le cri de détresse des 156 pétitionnaires ne nous a pas laissé de glace. Il fallait donc faire le déplacement pour se rendre compte de visu de l'ampleur de la déliquescence. En effet, c'est sur la route Guelma-Constantine et à hauteur du croisement situé dans la commune de Aïn Regada, à l'extrême ouest du chef-lieu de wilaya, qu'un panneau vous indiquera que le petit village de Ksar El Azeb est situé plein Nord à 10 km. Après une route cahoteuse, clairsemée de nids de poule, nous découvrons sur le flan d'un vallon Ksar El Azeb (le palais du célibataire), mais il n'y a point de palais ni même de maison digne de ce nom. Il est 13h30, un soleil de plomb tape. Un groupe de personnes assises près d'un café fermé bavardent. Les présentations faites, nous sommes très vite pris en charge et le déballage tous azimuts commence. Ksar El Azeb est un village socialiste créé, nous dit-on, en 1983. Bien qu'il ait été doté d'une antenne de l'APC, cette dernière n'a jamais été ouverte aux administrés, et là, il est aisé de comprendre les désagréments des allées et venues des habitants pour un simple acte de naissance. Il existe également un siège des postes et télécommunications, créé en 1987, mais depuis 1994, il est fermé. Cet arrêt a pour raison, évoquent nos interlocuteurs, la situation sécuritaire liée au terrorisme. Du coup, le facteur ne distribue le courrier qu'une fois par semaine. Récemment, des promesses ont été faites pour sa réouverture, mais rien à ce jour. Il y a certes une salle de soins dans ce petit village, mais l'unique infirmier, présent un jour sur trois, ne suffit pas, et les gens insistent pour qu'une infirmière soit également affectée dans cette région conservatrice. On a vite fait le tour de ce village pour nous rendre compte que l'aménagement urbain n'est qu'un piètre mot. Les chaussées ont perdu leur bitume, les trottoirs ne sont qu'une vague esquisse, le réseau d'évacuation des eaux usées, ainsi que celui de l'alimentation en eau potable mériteraient une réfection. L'eau, nous fait-on savoir, commence à manquer. Enfin, plusieurs logements récents de type CNL et autres moins récents situés à l'intérieur du village demeurent, depuis plusieurs années, non raccordés à l'énergie électrique, au même titre que certaines mechtas éparses à la périphérie du village. Il y a quelque 200 collégiens et lycéens qui prennent journellement les J9 pour regagner les bancs de classes à Aïn Regada ou vers le chef-lieu de la daïra de Oued Zenati. Dans leur liste de revendications, les citoyens de ce village réclament le transport scolaire. Nous noterons enfin le problème de la collecte des ordures ménagères et la création de décharges sauvages dans cet endroit a priori sain de toute pollution. D'autre part, nous n'avons pas manqué de questionner le maire, le jour même de notre visite. En substance, il est prévu, pour le chemin communal qui passe par Aïn Regada, Hadjar Lemrakeb, Ksar El Azeb et Ras Layoun, long de 18 kilomètres, une enveloppe de 200 millions de dinars. L'étude étant faite, la demande d'inscription a été déposée. Pour le reste des revendications, le PAPC nous avouera qu'il n'est pas aisé de rattraper en un tour de mains des retards et des erreurs de toute une vie. Cependant, ce P/APC avait occupé ces mêmes fonctions entre 1997 et 2002, puis premier adjoint et actuellement maire. Qu'a-t-il fait depuis ? S'interrogent les habitants de ce village, car, soulignent-ils, monsieur le maire habite Ksar El Azeb !