Cette visite qui aura duré quelques heures seulement à Guelma, aura-t-elle suffi au ministre pour prendre la température ante mortem d'un secteur considéré comme la seule vocation de la wilaya? Cependant, face à l'instauration de la culture des résultats, l'on se retrouve devant une agriculture locale dépassée, entachée de guerres intestines et de spéculations. En effet, la situation n'est pas au beau fixe, malgré les potentialités dont se targue la wilaya: 187 338 ha de surface agricole utile (SAU), dont 66 518 ha en jachère et 79 300 ha pour la céréaliculture, réalisant une production de 964 886q (campagne agricole 2007-2008). «Insuffisant», dira le ministre aux responsables lors de sa visite à la CCLS de Belkheir devant des chiffres en deçà des normes. Effectivement, réaliser des rendements de 11,5 q/ha en moyenne, pour les céréales, il n'y a pas de quoi être fier. La ferme-pilote Richi Abdelmadjid dans la commune de Belkheir, point noir de l'agriculture locale, est un exemple d'anarchie au sens large du terme. Malgré une (SAU) de 1 028 ha, en totalité irriguée, cette dernière est frappée par la banqueroute depuis plusieurs années, accusant 18 millions de dinars de créances envers le fisc et 900 millions de dinars, dues à la Casnos et, en guise de cerise sur le gâteau, une guerre intestine entre travailleurs la ronge. A ce sujet, le ministre déclarera: «Nous ne laisserons pas cette ferme otage du clanisme». En marge de cette visite, une séance de travail s'est tenue au niveau de la salle des réunions du siège de la wilaya, en présence des P/APC, chefs de daïras, cadres des secteurs de l'agriculture et des forêts et, bien sûr, une poigné d'agriculteurs. Ainsi, tout fut dévoilé ou presque au ministre: de la mécanisation obsolète inadaptée avec les besoins de l'heure aux problèmes d'interruption de pompage destiné à l'irrigation, à partir du barrage de Bouhamdane et diverses retenues collinaires, au profit des terres agricoles de la plaine de Bouchegouf qui demeure tributaire des factures d'électricité et de l'inflexibilité de la Sonelgaz. Mais encore, la mise en valeur des terres pour laquelle l'Etat a injecté des sommes faramineuses ne serait que fictive sur terrain. Une commission d'enquête a été demandée avec insistance. La relance de l'élevage bovin dans la région et la redynamisation de la filière lait ont été exprimées, ainsi que celle de l'arboriculture, notamment oléicole. Le problème du foncier agricole qui demeure une entrave à l'investissement l'a été également. D'autre part, Rachid Benaïssa dira être entièrement d'accord sur la majeure partie des points évoqués par l'assistance. Mieux encore, la nouvelle politique de l'Etat encourage toute action constructive et productive dans un cadre réglementaire engendrant une autosuffisance alimentaire, devenue prioritaire à plus d'un titre. Le potentiel agricole de la wilaya en chiffres : – Superficie agricole utile : 187 338 ha – Zone semi-intensive en sec : 43 636 ha – Zone intensive en irriguée : 43 636 ha – Zone de montagne et piémonts : 90 772 ha – Forêts : 113 000 ha – Ressources en eau : 223 861 000 m3, soit 2 barrages et 14 retenues collinaires