L'affréteur est la Générale maritime Annaba (GEMA). Après que l'opérateur ait effectué toutes les acrobaties administratives pour importer cette quantité de bois, il se retrouve aujourd'hui, selon lui, otage d'une escroquerie qui ne dit pas son nom. Le bateau quittera le port de Annaba demain lundi, alors que le client crie toujours à l'arnaque. GEMA figure sur la liste des accusés. En effet, elle a obtenu une lettre de crédit documentaire d'une valeur de 519 000 euros auprès de la banque Natexis Algérie de Sétif. Valable jusqu'au 31 janvier 2008, ce crédit lui a été accordé à l'effet d'importer 1000 t de bois blanc auprès de SIAG Holzexpotgesellschaft MBH, une société autrichienne située dans la ville de Graz. Avec l'acquisition de plus de 50% de sa marchandise représentant la première tranche, la société algérienne a été satisfaite. Tout a commencé après. Le fournisseur étranger a réussi à avoir son reliquat de 171 687,45 euros représentant l'exportation de la 2e partie de la marchandise sans que la société importatrice ne récupère cette dernière. Ainsi, la société autrichienne a adressé à la banque Natexis Algérie la facture commerciale n° 5013 (Commercial Invoice) le 17 janvier 2008, associée au connaissement daté du 18 janvier 2008. Ce dernier document est le plus important car il détermine le mouvement de la marchandise. Il sert de support, de preuve de gestion et de contrôle de l'exécution d'un transport de marchandises sur le navire qui, cette fois-ci, est nommé Lady Ranim. Or, ce navire n'a jamais accosté au port de Annaba et encore moins transporté la marchandise en question. Sans se concerter avec son client sur la véracité des documents fournis par le fournisseur étranger, la banque Natexis a libéré la somme au demandeur le 13 février 2008. C'est-à-dire 13 jours après l'expiration du délai de validité de la lettre de crédit. La société algérienne Hodna Steel n'a pris connaissance de ce qui s'apparente à une arnaque qu'après que l'opération n'ait été achevée. Contactée, la banque Natexis n'a pas voulu s'exprimer sur la question car, selon le préposé à l'accueil, son responsable est absent. Contre toute attente, la Sarl Hodna reçoit, par le biais de l'agence maritime GEMA Annaba, un courrier dont l'objet est une demande d'excuses présentée par l'armateur Alianca Chartering Croatia. Il y est écrit : «Nous avons l'honneur de vous tenir informés que ce jour, 19 mars 2008, l'armateur Alianca Chartering Croatia nous a adressé un fax et e-mail vous demandons des excuses pour le quiproquo concernant le retard du navire et encaissement d'argent bien avant le chargement de votre cargaison de bois, etc.» Datée du 16 mars, la lettre adressée à la Sarl Hodna Steel est antidatée car les excuses écrites sont parvenues le 19 mars, soit 3 jours après. Des anomalies que le directeur commercial de GEM Annaba refuse de reconnaître bien que la marchandise soit arrivée à bon port mais, tenez-vous bien, notifiée au nom de GEMA qui refuse de lui délivrer sa marchandise. «Nous sommes un agent qui assure une prestation de services. L'intéressé doit présenter un connaissement original qu'il doit certifier en son nom pour prétendre récupérer sa marchandise. Nous avons contacté le fournisseur à cet effet mais aucune réponse ne nous est parvenue», s'est expliqué le directeur commercial de GEM Annaba. Un véritable casse-tête que la victime n'arrive pas à résoudre. La Sarl Hodna a sollicité toutes les autorités locales ; seul le procureur de la République près le tribunal de Annaba a prêté une oreille attentive à sa demande : que le bateau soit saisi à l'effet de lui restituer sa marchandise par voie de justice.