– Kasdi Merbah, patron de la Sécurité militaire (1962 -1979) – De son vrai nom Abdallah Khalef, il est né le 16 avril 1938 à Béni Yenni (Tizi-Ouzou). Militant nationaliste, il rejoint l'ALN en 1956 en Wilaya V (Oranie).Il y navigue dans le sillage de fortes personnalités : Abdelhafid Boussouf, père des services de renseignements et du contre-espionnage du FLN et Houari Boumediene, sorte de maréchal de l'ALN. Affecté au Ministère de l'Armement et des Lisons Générales (MALG) dirigé par Boussouf, il fait partie de la jeune garde surnommée ” Boussouf Boys “. Il appartient également à la première promotion de cadres militaires formés à Moscou, appelée ” Tapis rouge “. Chef du service de renseignement du MALG auprès de l'état-major général en février 1960, il participe en tant qu'expert militaire au négociations de Rousses. Il se range dès l'éclatement de la crise de l'été 62 dans le camp de Boumediene. Patron incontesté de la ” S.M ” de 1962 à 1979, proche et fidèle collaborateur de Boumediène, il participe activement au coup d'Etat de juin 1965. Au moment de l'agonie de Boumediene, il était responsable de tous les services de sécurité, ce qui explique son rôle déterminant dans le processus de transition. En janvier 1979, il apporte son soutien au colonel Chadli qui l'emporte sur ses principaux concurrents. Il abandonne ses fonctions à la tête de la ” S.M “, pour devenir le 5 mai 1979, SG du ministère de la Défense jusqu'au remaniement gouvernemental de juillet 1980, où il a été ” mis à la touche “. Il est successivement vice ministre de la Défense, ministre de l'industrie lourde( janvier 1982), ministre de l'agriculture et de la pêche (janvier 1984), ministre de la santé (février 1988), Chef du gouvernement (de novembre 1988 au 9 septembre 1989). Il crée en 1990 le parti MAJD. Véritable pilier du régime, il sera assassiné le 21 août 1993. – Ahmed Draia, membre du Conseil de la révolution (1965-1979), directeur de la Sûreté nationale (1965-1979) – Né le 10 mai 1929 à Souk Ahras. Officier de la Base de l'Est, il est arrêté en 1958 pour complot contre le GPRA et envoyé à la frontière malienne en 1960. Il dirigera en 1963 les compagnies nationales de sécurité et désigné le 1 juin 1965 à la tête de la DGSN qu'il ne quittera pas jusqu'à la mort de Boumediene, date de sa nomination à la tête du ministère des transport, puis ambassadeur au Portugal de 1980 jusqu'à sa mort en février 1988. – Ahmed Bencherif, commandant de la Gendarmerie nationale et membre du Conseil de la révolution (1962-1978), – Né en avril 1927 à Djelfa, Ahmed Bencherif est un militaire de carrière dans l'armée française. En juillet 1957, il déserte le 1 er régiment des artilleurs algériens pour rejoindre l'ALN (wilaya VI) avec une partie de sa compagnie. Membre du CNRA en janvier 1960, il est nommé à la tête de la wilaya IV en juillet de la même année. Capturé en 1960, il est remis en liberté en avril 1962 et rejoint l'Etat-major général de Boumediene. En septembre 1962, l'Exécutif provisoire le place à la tête de la gendarmerie. Il sera maintenu à ce poste jusqu'à avril 1977, date à laquelle il sera nommé ministre de l'Environnement, de la Bonification des terres et de l'Hydraulique. Une mise à l'écart déguisée. Membre du Conseil de la Révolution, il fait partie de ceux qui ont géré l'Algérie de 1965 à 1978 et du groupe restreint des huit titulaires restant sur 26 qui ont assumé la direction des affaires du pays durant la maladie de Boumediène. A la mort de celui-ci, il s'opposera résolument à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Il est écarté du pouvoir à partir de février 1979, exclu du Comité central, puis accusé par la Cour des comptes de détournements de fonds. Il ne revient en politique, au Comité central du FLN, qu'en 1989. – Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères (1963-1979), membre du Conseil de la révolution (1965-1978) – Issu d'une famille originaire de Tlemcen, il est né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) où ses parents tenaient un bain maure. Il rejoint l'ALN à la frontière algéro-marocaine en 1956 en wilaya V (…). En 1960, le commandant Si Abdelkader est chargé d'ouvrir le front malien. Proche collaborateur de Boumediene, il effectue en 1961, une mission de prospection pour le compte de ce dernier auprès des leaders du FLN détenus à Aulnoy en vue de s'assurer leur alliance dans la course au pouvoir à l'approche de l'indépendance. C'est donc Bouteflika qui jette des ponts entre Ben Bella et Boumediene pour s'opposer au GPRA. Député de Tlemcen à l'Assemblée constituante, il est nommé ministre de la jeunesse, des sports et du tourisme en septembre 1962. Après l'assassinat de Mohamed Khemisti, il assurera pendant quatre mois l'intérim au ministère des affaires étrangères. Il sera confirmé à ce poste en septembre 1963 et le gardera 16 ans de suite. Faisant partie du cercle restreint des intimes de Boumediene, Bouteflika est à l'origine directe du processus ayant achoppé du coup d'Etat contre le président Ben Bella. En voulant le limoger, Ben Bella a en effet précipité sa propre chute le 19 juin 1965. Durant toute la période où il dirige les AE, son nom sera associé à l'intense activité de la diplomatie algérienne. Ne partageant pas tous les choix politico-économiques de Boumediene, il plaide, à l'intérieur des instances dirigeantes, pour une plus grande souplesse du système. Ce qui lui vaudra d'être présenté comme l'homme de l'Occident, un ” libéral “. Candidat malheureux à la succession, il est éjecté, graduellement, du cercle du pouvoir. Il est évincé du gouvernement et du BP le 2 juillet 1981. Sa disgrâce est confirmée en 1983. La Cour des comptes le condamne a rembourser 6 milliards de centimes. Il lui est reproché des irrégularités dans la gestion d'une ” régie occulte ” ouverte, au nom de son ministère, dans une banque à Genève. Deux ans plus tard, il est disculpé par la Cour d'Alger. En avril 1999, il deviendra le septième président de la République algérienne démocratique et populaire. – Cherif Belkacem, membre du Conseil de la révolution (1965-1975) – Né le 10 juillet 1930 à Ain Beida, militant de l'UGEMA et du FLN au Maroc, il rejoint l'ALN et devient commandant de la zone I de Tlemcen jusqu'à la fin 1959, date a laquelle il rejoint le P.C de la wilaya V, à la frontière algéro-marocaine où va se constituer le fameux ” groupe de Oujda “. Député de Tlemcen à l'Assemblée constituante (septembre), le compagnon de jeunesse de Boumediene devient ministre de l'Orientation nationale dans le gouvernement Ben Bella, Partisan du coup d'Etat de juin 1965, il est chargé du département Information en plus de celui de l'Orientation nationale. Membre du Conseil de la Révolution, ” coordonnateur du secrétariat du Parti ” (juillet 1965 – décembre 1967), il est nommé en mars 1968 ministre d'Etat chargé des Finances et du Plan. C'est sous autorité qu'est élaboré le premier plan quadriennal 1970-1973, qui lance l'industrialisation de l'Algérie. Il quitte ce ministère en mars 1970 pour présider le Conseil national économique et social. Après la mise à l'écart de Kaid Ahmed en décembre 1972, premier maillon du ” groupe d'Oujda ” à céder, c'est à Cherif Belkacem que Boumediene confie la mission de reprendre en main le FLN. Ministre d'Etat sans portefeuille, il apparaît alors comme le ” numéro deux ” du régime. Il anime les Commissions nationales de la Révolution agraire et de la Gestion socialiste des entreprises, mais son étoile ne cesse de décliner. En 1975, des rumeurs insistantes attribuent à l'épouse de Chérif Belkacem la publication d'un livre à scandales intitulé Les Folles Nuits d'Alger. Boumediene en profite pour évincer son compagnon du Conseil de la Révolution, puis pour supprimer son ministère d'Etat en juillet 1975. Jugé indésirable, il quitte subrepticement le pays pour s'installer en Europe. Il réapparaît au lendemain des événements d'Octobre et signe le ” Manifeste des 18 ” et se présente aux élections présidentielles de 1999. – Kaïd Ahmed, membre du Conseil de la révolution (1965-1972), responsable du FLN (1968-1972) – Né le 17 mai à Tiaret. Militant de l'UDEMA de Ferhat Abbas et secrétaire général du parti dans sa ville natale, en 1951, Kaid Ahmed est élu conseiller municipale et adjoint au maire de Tiaret. Membre du Comité central de l'UDEMA, il rejoint le maquis fin 1955. Il est d'abord Commissaire politique et capitaine de la zone VIII de la wilaya V, puis devient adjoint du colonel Boumediène. Nommé au CNRA en 1959, le commandant Slimane (nom de guerre) assurera par la suite le secrétariat pour l'Ouest de l'état-major général de l'ALN (…) il participe à la première conférence d'Evian, devient commandant de la Base Ouest-Oujda. 2lu député de Tiaret(septembre 1962), nommé ministre du Tourisme, il démissionne et rejoint son siège à l'Assemblée (juillet 1964). C'est lui qui annoncera à la radio la destitution de Ben Bella et promu ministre des Finances et du Plan (juillet 1965). Nommé responsable du Parti (mars 1968), il quittera les affaires publiques suite à de profondes divergences avec Boumediene notamment sur les grandes orientations politico-économiques. Kaid Ahmed meurt en exil au Maroc le 5 mars 1978. – Ahmed Medgheri, ministre de l'Intérieur (1963) (1965-1975), membre du Conseil de la révolution – Né le 23 juillet 1934 à Oran, Ahmed Medgheri a grandi à Saida. Il obtient le baccalauréat ” série mathématiques élémentaires) en 1953 mais dut interrompre ses études universitaires à Grenoble suite à des difficultés matérielles. Medgheri retourne au pays et se fait instituteur Militant à l'UDEMA, il rejoint l'ALN en juillet 1957 à la wilaya V où il devient l'un des plus proches adjoint de Boumediene. Il contribuera à rédiger le volet militaire des Accords d'Evian, à l'indépendance, il deviendra premier wali de Tlemcen, puis ministre de l'intérieur Pour marquer son désaccord avec Ben Bella, il démissionne en 1964. Il reprend son poste après le coup d'Etat et y restera jusqu'à sa mort tragique (” accident ” par balle chez lui)le 10 décembre 1974. – Belaïd Abdeslam, ministre de l'Industrie et de l'Energie (1965-1977) – Issu d'une famille aisée originaire de Grande Kabylie, Belaid Abdeslam est né en 1928 à Ain Kebira (Sétif). Militant du P.P.A, président de l'UGEMA (1951-1953), membre du Comité central du PPA/MTLD, tendance centraliste, Belaid Abdeslam rejoint le FLN en mai 1955. en 1958, il est appelé auprès du ministre de la culture du GPRA, Tewfik El Madani, puis de Abdelhamid Mehri aux Affaires sociales. Au lendemain du cessez le feu, il est chargé par le FLN des questions économiques à l'Exécutif provisoire. Après l'indépendance, il sera écarté des responsabilités, jusqu'à sa désignation pour conduire la délégation algérienne dans les négociations pétrolières avec la France. Il devient le premier président de Sonatrach (1964-1966), et l'inamovible ministre de l'industrie et de l'énergie de Boumediene (1965-1977), puis des Industries légères (1977-1979). Il a la haute main sur toute la politiques et projets industriels. En 1982, Belaid Abdeslam est accusé de ” corruption “. Il sera vite innocenté. Il sera écarté du pouvoir peu après l'élection de Chadli. Il revient en politique en 1988 en signant le ” manifeste des 18 “. Il est nommé chef du gouvernement juillet 1992 jusqu'à août 1993. – Mohamed Salah Yahiaoui, membre du Conseil de la révolution (1965-1979) et coordinateur du Parti (1977-1979) – Né à Barika (Batna), Mohamed Salah Yahiaoui est instituteur avant de rejoindre le maquis en 1956, où il devient membre de l'état-major général dirigé par Boumediène. Membre du Conseil de la Révolution lors du coup d'Etat de juin 1965, le colonel Yahiaoui est placé à la tête de l'Ecole interarmes de Cherchell1968 à 1977. En novembre 1977, il est chargé par Boumediene de reprendre en main le Parti. Candidat potentiel à la succession, il est écarté par l'armée au profit de Chadli Bendjedid. – Ahmed Taleb El Ibrahimi, ministre de l'Education nationale (1965-1970), ministre de l'Information et de la Culture (1970-1977), ministre conseiller auprès du président de la République (1977-1980). – Né le 5 janvier 1932 à Sétif, fit ses études primaires à Tlemcen où son père Cheikh Bachir Ibrahimi s'était installé en 1933 comme responsable de l'association des oulémas algériens pour l'Ouest du pays. En 1949, il entreprend des études à la Faculté de Médecine d'Alger, puis de Paris. Il milite d'abord au sein de l'Udema. Elu président de l'Union générale des étudiants musulmans (UGEMA) en juillet 1955, il développe un discours arabo-islamique. En mars 1956, il accède au Comité fédéral de la Fédération de France du FLN, il est fait prisonnier en février 1975 et détenu à la prison de Fresnes puis à la Santé jusqu'à septembre 1961. Remis en liberté (provisoire) il quitte la France pour la Tunisie et rejoint le GPRA. A l'indépendance, il est mis à l'écart par Ben Bella, soupçonneux à l'égard des oulémas. Docteur en médecine, proche de l'opposition de (1963-1965), Taleb Ibrahimi est arrêté en juin 1964 car soupçonné d'être en contact avec la ” contre-révolution “, le CNDR de Moussa Hassani, mais bénéficie d'un non lieu et libéré en janvier 1964. Après un court séjour au Moyen-Orient, il rentre au bercail pour pratiquer au service hématologie de l'hôpital Mustapha. Le 10 juillet, il est appelé par Boumediène pour être son ministre de l'Education nationale. Moins d'un an après son département publie un plan décennal d'enseignement axé sur trois points : ” démocratisation, arabisation, orientation scientifique et technique “. Confronté à la contestation estudiantine, il décide la fermeture de l'Université d'Alger le 7 février 1968 pendant trois semaines. En juillet 1970, il devient ministre de l'Information et de la Culture jusqu'au 27 avril 1977, date à laquelle il devient ministre conseiller auprès du président Boumediène, poste qu'il gardera dans le premier gouvernement de Chadli. Il est quelque temps après président de la Cour des comptes. Source : D'après Achour Cheurfi, La classe politique algérienne de 1900 à nos jours, Dictionnaire biographique, Casbah Editions, Alger, 2001 M. A.