C'est là où il a débuté sa carrière et c'est là aussi où il a mis fin volontairement à sa carrière. Nous réitérons notre volonté de poursuivre notre travail de réflexion avec comme fondement essentiel de ne jamais jeter le discrédit ou l'opprobre sur qui que ce soit, quel que soit son rang. Nous nous interdisons d'emprunter ce genre de raccourci. Comme il n'est pas dans notre culture de jouer aux laudateurs et thuriféraires pour que ces contributions soient interprétées comme un appel du pied pour tirer quelques dividendes, bénéficier d'un quelconque avantage et récompense pour nous recycler ou relancer notre carrière. Cette clarification a été rendue nécessaire pour dissiper les malentendus et les mauvaises interprétations, et mettre fin aux différentes spéculations des esprits malintentionnés. Malgré les ressources indéniables que recèle le pays, le secteur du tourisme poursuit toujours «sa léthargie» à l'ombre des torchères des puits des hydrocarbures et des ressources générées par cette matière première. Par doses homéopathiques, on essaie ou on fait semblant de le réveiller de cette torpeur. Et chacun y va de ses recettes qui revêtent parfois des aspects ubuesques où de simples opérations qui, autrefois, se faisaient dans la sérénité, on en fait aujourd'hui tout un événement nécessitant l'organisation de tout un cérémonial enrobé d'un show médiatique dans un hôtel huppé de la capitale. On va même tenter de calquer certaines recettes de pays qui sont au panthéon dans ce domaine, sans tenir compte de notre triste réalité. La France, première destination mondiale, a opté pour un plan qualité France et la mise en place d'une Maison de France pour promouvoir sa destination. Notre pays l'imite en lançant le plan qualité Algérie et compte mettre en place de Maison Algérie appelée Dar EI Djazaïr, et c'est Aigle Azur qui va nous prêter ses locaux pour installer cette structure. Un geste qui honore cette compagnie, mais on croirait que l'Etat algérien s'appauvrit proportionnellement au fur et à mesure que le prix du baril augmente. Alors que l'Hexagone et bien d'autres pays sont arrivés à des étapes supérieures de certification de leurs activités et leurs produits sur la base des normes ISO 9000, nous n'arrivons pas encore à mettre en application les normes hôtelières contenues dans une loi qui aura bientôt 10 ans d'existence et qui constituent le premier cadre qualitatif des établissements hôteliers. Ce n'est pas tant ce strapontin qu'occupe le secteur au niveau mondial qui nous chagrine, car nous considérons que le réservoir touristique n'a pas encore trouvé les instruments politiques, financiers et fiscaux pour la relance, mais beaucoup plus ce recours systématique «aux solutions des autres» qui fait mal. Les «inventions géniales», au demeurant très spécifiques, ne manquent pas dans un secteur qui se «cherche». II y a même un hôtel de chez nous qui est allé jusqu'à donner une prime à l'agent qui arborera le meilleur sourire devant la clientèle. Cette prime s'élèverait, semble-t-il, à 5000 DA/mois. C'est une bonne chose que de motiver un personnel qui a perdu la notion de sourire dans un secteur rongé par la tristesse et la désolation depuis que les touristes étrangers et locaux ont déserté nos infrastructures. Mais le simple fait de donner cette prime, n'est-ce pas là une reconnaissance implicite que la gaieté a disparu chez ceux qui sont censés recevoir la clientèle. Le sourire est le propre du personnel hôtelier et de tout personnel travaillant dans ce secteur, du planton au PDG, c'est, dirions-nous, un axiome dans leurs relations à la fois quotidienne et pérenne avec des tiers, notamment avec la clientèle. Mais le hic, c'est la mise en place d'une commission. Cette dernière serait à l'affût, à la recherche des sourires de circonstance dans cette grisaille «touristique» et se matérialiserait par une note qui sera attribuée au meilleur sourire. Quelle trouvaille ! Nous disons que dans la mesure où le sourire est destiné à un client, c'est à ce dernier d'apprécier cet accueil par sa fidélisation et par sa fréquentation des mêmes lieux, et non à une commission dont la composante travaille dans l'hôtel avec une notation qui aura sa part de subjectivisme. Au lieu et place de l'agent de l'hôtel qui est tenu par les exigences de ce métier à ne pas « banaliser» le séjour de la clientèle, il aurait été plus judicieux de rechercher ce sourire chez le client. Le sourire de ce dernier vaut son pesant d'or, car il est significatif d'une réelle satisfaction durant son séjour et qui constituera le meilleur vecteur de publicité. Mais voilà, chez nous, c'est l'arbre qui «sourit» et qui cache la forêt des insuffisances qui font que nos structures sont affreusement vides en basse saison et boudées en haute saison au profit des hôtels de nos pays voisins. Le sourire à lui seul n'a jamais été un gage de relance de l'activité hôtelière ou touristique si d'autres mesures d'attractivité ne sont pas mises en place dans le cadre des multiples services en amont et en aval de la filière tourisme. Si les autres maillons de la chaîne touristique ne suivent pas, le meilleur sourire au monde ne persuadera pas le client ou le touriste d'y retourner. Le client se fait une idée sur la prestation de manière générale depuis son arrivée jusqu'à son départ, et non sur un sourire «monnayé» parce qu'on sait qu'il y a une commission qui rode dans le coin. Dans ce cadre, nous nous référons à un des spécialistes du secteur, Jallais, qui définit la prestation comme étant «le service qui comprend la mise à la disposition de produits ou d'activités dans les conditions de délais, de coûts, de facilités d'accès les meilleures, accompagnées d'une attitude de disponibilité, d'accueil, d'intérêt vis-à-vis du client de la part du personnel en contact». Enfin, pour clore cet aspect des choses, même si la qualité de la prestation touristique se limitait au seul sourire, on serait en retard d'une guerre. Dans le tourisme, la qualité ne se décrète pas et le sourire ne se monnaye pas. La première est un acte de gestion et le second est intrinsèquement lié aux autres éléments d'attractivité. Il y a lieu de reconnaître qu'il nous arrive de recourir à de fausses solutions, pour ne pas dire qu'il y a mauvaise visibilité. A ce sujet, il est juste bon de rappeler que nous avons été jusqu'à ramener une certaine Miss Grande-Bretagne pour faire la promotion de la destination Algérie dans les pays anglo-saxons. On lui a réservé un accueil qui sied à un tel titre qu'on n'a d'ailleurs jamais vérifié si réellement elle en était la détentrice. Bref, ne chicanons pas là-dessus, si nous l'avons gavé de circuits touristiques et de cadeaux, cela n'avait rien à voir avec sa stature, mais cela rentrait dans notre culture ancestrale de bien accueillir nos hôtes, qu'importait leur rang. Soit. Mais dès qu'elle a traversé l'Atlantique, elle a disparu dans l'épais brouillard londonien sans laisser la moindre adresse. Et le comble est qu'au moment où on festoyait d'avoir trouvé en cette Miss, l'hirondelle qui va égayer le ciel de notre tourisme dans cette partie du monde, le Foreign Office de sa Majesté déconseillait à ses ressortissants la destination Algérie. Le tourisme asseoit sa base et sa notoriété sur une logique d'offre. Nous en avons et elle est si multiple et diversifiée qu'elle permet à notre clientèle de pratiquer toutes les formes de tourisme, et durant toute l'année. Mais nos richesses naturelles et culturelles sont confrontées à une insuffisance, voire même à une indigence de structures d'hébergement dont certaines n'ont d'hôtels que le nom, à un manque de professionnalisme, à un environnement très réfractaire à l'activité. Toute politique de communication, de promotion et de marketing pour vanter notre destination sur la base des référents naturels et culturels risquerait de se retourner contre nous devant autant de handicaps. De plus, les problèmes de visas pour notre destination qui empoisonnent la vie de nos agences, les coûts très élevés des billets d'Air Algérie (l'ouverture du ciel algérien permettra de créer une émulation et de développer la concurrence) et les tarifs d'hôtels, sur lesquels s'est tissée une toile d'araignée, car non modifiables, ne connaissant ni basse ni haute saison… Il faut savoir être humble, modeste et reconnaître que nous sommes encore au stade artisanal dans ce domaine et recentrer nos ambitions et œuvrer pour une véritable refondation du secteur aux lieu et place de shows et de statistiques basés sur des probabilités qui ont pour seul mérite de nous donner de faux espoirs à des dates inespérées. Le schéma d'aménagement touristique ne doit pas constituer une obsession en soi, au point de focaliser tous les efforts et d'oublier le reste. Il est nécessaire, voire même impératif de lui atteler un schéma de la mise en tourisme de l'Algérie en s'attaquant résolument aux facteurs handicapants, tels la sécurité, l'environnement, l'hygiène, la normalisation des activités paratouristiques. Aujourd'hui, force est de reconnaître que tous les Algériens se barricadent. Même certains hôtels recourent à des barreaux, donnant ainsi à la clientèle un sentiment d'insécurité et d'inconfort, à tel point qu'un professionnel d'une de nos chaînes audiovisuelles est allé jusqu'à les comparer à la célèbre prison d'Abou Ghraib. Autrefois, des touristes se pavanaient dans les rues d'Alger et à La Casbah, qui en cuissette, qui en tenues légères, sans avoir à subir un quelconque désagrément ou de remarques désobligeantes d'un quidam. Les Algériennes et les Algériens subissent les pires supplices en arborant de pareils effets vestimentaires, parfois agressés sans que l'agent qui veille à la sécurité du coin ne bouge le petit doigt. Les boutiques des quartiers huppés se «terrent» à la minute du coucher du soleil. Les métiers dans les cafés et les restaurants sont squattés par le tout-venant, échappant à toute lamentation ou à tout cahier des charges pour que ce genre d'activités soit assimilé réellement au paratourisme. Les immondices et les décharges sauvages trahissent nos villes et villages et nous cernent de toute part. Si on n'arrive pas à persuader les nôtres à consommer le produit touristique de leur pays, et ils sont près d'un million à aller chaque année en Tunisie sans compter les autres destinations, il est à se demander comment pourrait-on convaincre les autres à venir chez nous ?