En plus de l'existence de l'unique entreprise nationale de construction et de réparation navale (Ecorep) dans son territoire, la wilaya de Tipaza est pourvue de 5 ports de pêche, en l'occurrence Khemisti, Bouharoun, Tipaza, Cherchell et Gouraya. Sa flottille se compose de 63 chalutiers, 123 sardiniers et 322 petits métiers. Selon les statistiques de la direction de la pêche de Tipaza, la production halieutique en 2006 avait atteint 16 946,72 tonnes. Ce chiffre, pour de nombreux experts, ne reflète nullement la réalité. Cette rencontre, organisée par la Chambre de la pêche, en collaboration avec la direction de la pêche de la wilaya, aura néanmoins était instructive. Des universitaires et des chercheurs ont exposé certains phénomènes qui sont à l'origine de la diminution, voire du risque d'extermination des ressources halieutiques. Le représentant du CNDPA de Bou Ismaïl a mis l'accent sur les récifs artificiels qui constituent de véritables supports, jouant le rôle de rochers dans les fonds marins. Le récif artificiel devient un outil de gestion, de protection et de production de la biodiversité marine, car la Méditerranée est une mer assez fragile, selon l'orateur. La posidonie est un herbier qu'il faut impérativement protéger. C'est une plante vitale et stratégique pour le développement de la flore marine. Chaque marin est interpellé pour aider à sa protection. Dans certains pays qui ont pris conscience du danger qui guette l'environnement, on a installé des récifs artificiels de protection, afin de protéger les zones où le chalut est interdit. Ces récifs artificiels deviennent ainsi des refuges pour les poissons. L'autre problème abordé concerne la pêche à la dynamite et au cyanure. Ces formes de pêche sont strictement interdites. Hélas, jusqu'à nos jours, elles sont pratiquées au large de la côte de la wilaya de Tipaza. Des universitaires et chercheurs, plongeurs de surcroît, s'inquiètent sur l'état alarmant de dégradation des fonds marins. Ces méthodes destructrices ont des effets négatifs sur la vie marine. Elles menacent le renouvellement des ressources. Pêche à la dynamite Certains pêcheurs utilisent la dynamite sans se soucier de l' environnement marin. Elle détruit les récifs de coraux et les herbiers sous-marins qui ne sont que des espaces où se reproduisent les différentes variétés de poissons. Après avoir fait exploser le bâton de dynamite de 25 cm de long et de 3 cm de diamètre, ils récupèrent les poissons morts qui flottent à la surface de la mer. La dynamite accélère le taux d'érosion côtière. Des opérations de contrôle irrégulières s'effectuent au niveau des ports de Bouharoun et de Cherchell. L'utilisation de la dynamite au large de Tipaza est un secret de Polichinelle. L'exemple des Philippines a été évoqué lors de ladite rencontre. La surexploitation des ressources halieutiques, la pollution et l'utilisation de la dynamite ont amené les scientifiques à conclure dans une étude menée dans ce pays, qu'en 2048, il n'y aura plus de poissons. Par ailleurs, des intervenants ont mis en évidence le problème de la pêche du thon intense et la surexploitation de cette espèce, l'empêchant ainsi d'atteindre ses dimensions maximales. Les armateurs étrangers qui ont obtenu l'autorisation de l'Etat algérien de venir pêcher le thon au large dans les eaux territoriales nationales arrivent à trouver des astuces pour fructifier leur pêche au détriment de l'intérêt national. «Nous avons des techniciens algériens sur les navires de pêche de ces armateurs, ils sont là pour les contrôler», nous rassure un responsable du secteur de la pêche. Cet argument est-il suffisant pour effacer les doutes des spécialistes ? La fiabilité des statistiques relatives à la production halieutique reste à prouver. Elle est déterminée par l'échantillonnage biologique et les statistiques de pêche, sinon par l'évaluation des pêcheurs. Or, au niveau des ports de pêche de la wilaya de Tipaza, qui sont en cours d'aménagement, le procédé n'est pas encore mis en œuvre. En Algérie, il n'y a pas d'approche pour mieux évaluer les stocks de poissons. Le déclin de la faune marine est sérieusement à craindre.