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Mohamed Baba Nedjar condamné à perpétuité : Retour sur un procès singulier
Publié dans El Watan le 02 - 06 - 2009

Regards hagards, mines défaites, l'assistance, qui a assisté au procès de Mohamed Baba Nedjar, semble étonnée par le verdict prononcé par le juge. « Mais sur quelle base a-t-il été condamné à perpétuité ? », s'interrogent les nombreux citoyens, avocats et journalistes présents.
Médéa : De notre envoyée spéciale
Des questions sur la culpabilité et l'innocence de l'accusé demeuraient sur les lèvres des présents, après une journée pleine d'un procès qui continuera très certainement à faire parler de lui. Nous nous sommes rendus, mercredi dernier, sur les lieux où le verdict a été prononcé. Il s'agit du tribunal criminel près la cour de Médéa qui a examiné et jugé l'affaire du jeune Baba Nedjar Mohamed, 25 ans, accusé puis condamné à perpétuité pour meurtre avec préméditation sur la personne de Bazine Brahim. A Médéa, et plus exactement au quartier Theniat Lahdjar, où se trouve la cour de Médéa devant abriter le procès reporté à deux reprises du jeune Baba Nedjar. Celui-ci a été condamné une première fois à la peine capitale par le tribunal de Ghardaïa. Un barrage de police obstrue l'accès au quartier. Des barrières de police sont placées un peu partout, l'accès est filtré. Nous déclinons notre fonction de journaliste et nous passons le sas. A une centaine de mètres, la cour de justice devant laquelle de nombreux citoyens se sont rassemblés. La foule comptait de nombreux Mozabites en tenue traditionnelle. Le premier secrétaire du Front des forces socialistes, Karim Tabbou, était parmi la foule. Beaucoup d'avocats, de militants des droits de l'homme de Ghardaïa et d'autres villes étaient aussi au rendez-vous. Des citoyens, venant de Ghardaïa, nous informent qu'au niveau du barrage de police, les véhicules immatriculés 47 sont automatiquement arrêtés par la police. « Ils ont pris nos pièces d'identité, consigné nos noms sur une feuille, puis nous ont laissé passer », nous informent-ils. La foule s'est dirigée vers l'entrée de l'établissement de justice. Le passage à ce niveau aussi était très lent. Le nombre important d'éléments de la sûreté nationale renseigne sur la « sensibilité » de cette affaire que beaucoup qualifient « de politique ».
Un dispositif sécuritaire exceptionnel
La salle d'audience n'échappe pas non plus à la présence d'un dispositif sécuritaire exceptionnel. Une rangée de gendarmes armés avait pris place au fond de la salle, et une autre devant. La police aussi a marqué sa présence par un nombre important d'agents. L'entrée, dans la salle, du président de la cour est accueillie par un salut militaire des gendarmes. Vint ensuite celle de l'accusé Baba Nedjar Mohamed, qui est reçu à son tour par des applaudissements nourris de l'assistance. Il y répond en hissant ses bras. Accusé du meurtre de Bazine Brahim commis le 20 octobre 2005 à 20h, non loin de la mosquée Taourirt à Ghardaïa, Baba Nedjar est condamné par le tribunal criminel de Ghardaïa à la peine capitale. Il clame depuis quatre ans son innocence et revendique un procès équitable. Dès l'entame du procès, une erreur s'est glissée dans le dossier de l'accusé. Le président de la cour se trompe sur la date de naissance du prévenu, au lieu de 1984, il est consigné né en 1981. Baba Nedjar rectifie de suite. Interrogé en premier, l'accusé affirme que le soir où la victime a été tuée, il se trouvait chez son oncle qui l'avait invité à rompre le jeûne et passer la soirée du Ramadhan en compagnie de ses parents et de ses frères. Les témoignages de son oncle, de son père, et d'un ami confirment cet alibi. L'accusé affirme ne connaître ni la victime ni la mosquée où le meurtre a été commis. « J'habitais à Oran, je suis revenu à Ghardaïa deux ans avant ces faits. Je ne connais donc pas tout le quartier », dit-il. Bazine Brahim, qui a été aspergé d'essence puis enflammé à l'aide d'une allumette, n'est pas mort sur le coup. Il succomba à ses blessures deux jours après l'agression, et déclarera avant de mourir avoir été attaqué par deux individus encagoulés sur une mobylette. Parmi les indices présentés, par l'instruction, comme preuves de la culpabilité de Baba Nedjar, un jerricane d'essence non dissimulé trouvé chez lui, et le témoignage d'un ami du fils de la victime affirmant que Baba Nedjar avait une mobylette.
Cet ami ne s'est jamais présenté pour affirmer ses dires. Il n'a même jamais été confronté à l'accusé lors de l'instruction. Le fils de la victime, K. Bazine, affirme pour sa part que l'accusé se trouvait trois jours de suite avant l'agression devant la mosquée Taourirt, sans pour autant identifier la deuxième personne avec qui Baba Nedjar se trouvait : « C'est un ami qui m'a dit qu'il s'agissait du Tigre », affirme-t-il. « Le Tigre » est le surnom que ce témoin affirme être celui de l'accusé, et que l'accusé réfute. Deux témoins à charge, que le fils de la victime présente comme ceux qui ont identifié l'accusé, se sont rétractés et ont affirmé ne point connaître l'accusé et ne l'avoir jamais vu. Le fils aîné de la victime apporte pour sa part un élément troublant à l'affaire. Il affirme que son père, qui était employé par le Croissant-Rouge à Ghardaïa, avait beaucoup d'ennemis : « Il y avait un grave conflit entre la commission de wilaya et la commission locale du Croissant-Rouge. Le véhicule de mon père avait été incendié six mois auparavant, mais aucune enquête n'a été déclenchée. Une des personnes, qui était en conflit avec mon père, a même proféré des menaces à son encontre en jurant qu'il subira le même sort que son véhicule », témoigne-t-il. Le même témoin souligne que la police n'a pas jugé utile de poursuivre cette piste dans son enquête : « La personne qui avait menacé mon père est décédée il y a deux ans, sans être interrogée », atteste-t-il.
Des témoins à charge se rétractent et des pistes ignorées
Autre fait, la victime se trouvait quelque temps avant sa mort avec le président du Croissant-Rouge local, mais cette personne n'a jamais été interrogée puisqu'il s'agissait de la dernière personne, en dehors de sa famille, à l'avoir vu avant le crime. Imprécisions dans l'identification de Baba Nedjar, ou de la mobylette en question, aucune enquête n'a été ouverte pour savoir qui était la deuxième personne à avoir commis le forfait, aucun mobile du meurtre n'a été présenté, absence de traces menant directement à l'assassin ; au lieu d'apporter des réponses, le procès s'est trouvé face à une liste de points d'interrogation. Pour sa défense l'accusé affirme être victime de son appartenance politique. « Je me suis rendu au commissariat dès que j'ai trouvé la convocation, et là on ne me questionne ni sur la victime ni sur rien, on me demande si je suis militant du FFS et si je connais des responsables de la fédération de ce parti. On vient même dans ma cellule pour me proposer la relaxe contre l'inculpation de ces dirigeants », soutient-il, en précisant que dans la perquisition, la police a pris une revue du FFS comme pièce à conviction.
« L'accusé cache des choses. Je ne dis pas que c'est lui qui a commis le crime, et je ne dis pas que ce n'est pas lui. Je présente au tribunal les contradictions décelées dans le dossier ainsi que les coïncidences relevées », souligne maître Cherbal Seif El Islam, avocat de la partie civile. Tout comme le procureur général, il relève que « l'expertise a décelé des similitudes flagrantes entre le produit utilisé dans le crime et celui trouvé au domicile de l'inculpé ». Le procureur général prendra le relais pour dire : « Le dossier est complet et ne souffre d'aucun doute. Sur ce, je demande la confirmation de la peine capitale » déclare-t-il. Cinq des 12 avocats de l'accusé se présentent l'un après l'autre pour plaider le non-lieu. « Il y a un chaînon manquant dans cette affaire, quel est le mobile de l'assassinat. On n'a pas le droit de juger sur le seul soupçon », note maître Ahmine. Et à maître Rahmoune de noter que le mélange de carburant n'est pas une preuve puisque c'est Naftal qui le distribue et partout. Maître Benissad s'interroge pour sa part sur le deuxième individu impliqué dans le meurtre et que personne n'a cherché à trouver. Maître Bouchachi souligne de son côté : « Comment peut-on condamner un jeune homme de 25 ans à la peine capitale sans preuve, et en ne se basant uniquement que sur le témoignage de trois mineurs. Ce type de poursuites est une atteinte à la justice, avant d'être une atteinte à l'accusé et à la victime. » Une demi-heure après les plaidoiries, le juge revient muni d'un papier portant la condamnation à perpétuité, alors que l'assistance s'attendait réellement à un renvoi de l'affaire pour faute de preuves. Comment peut-on prononcer un tel jugement en si peu de temps ? Pourquoi ne pas avoir exigé la réouverture de l'enquête ? Un dramaturge français a dit un jour qu'« il faut trois jours à la justice pour décider de la mort d'un homme, et des années pour décider d'un héritage ». Baba Nedjar n'a eu droit qu'à une journée de procès et à une demi-heure de délibération pour se voir condamné à passer le restant de sa vie en prison. A l'écoute du verdict, il crie de toutes ses forces : « Nouakel aalikoum rabi, Dieu vous jugera. »
Suivi mitigé de la grève à Ghardaïa
En solidarité avec le jeune Mohamed Baba Nedjar, condamné mercredi dernier par la cour de Médéa, la fédération du Front des forces socialistes avait appelé à une journée de grève hier à Ghardaïa. Dans un communiqué, la structure locale du FFS s'est félicitée du taux de suivi de la grève qui a atteint à midi « 75% dans certains quartiers ». « La grève a eu lieu malgré l'utilisation du pouvoir des relais locaux, que sont les notables, pour casser la grève, en distribuant des tracts menaçant les commerçants de conséquences fâcheuses en cas d'adhésion à l'appel », a souligné le communiqué de la fédération. Revenant sur le déroulement de cette journée de protestation, la même source a indiqué qu'une marche de protestation a eu lieu, suivie d'un meeting à la place centrale du marché de fruits et légumes de la ville de Ghardaïa. Un rassemblement au cours duquel le docteur Kamel Eddine Fekhar, président de la fédération du FFS, a appelé à « lutter pacifiquement pour les droits, et éviter de tomber dans le piège de la fitna ». Selon une source locale, un contre-appel a été aussi lancé par un proche de la famille de la victime Bazine Brahim, incitant les commerçants à ne pas faire grève. Cette source précise que l'appel à un débrayage n'a pas été largement suivi, prouvant ainsi qu'une scission a été provoquée entre les archs des Beni M'zab.


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