L'Association des ophtalmologistes praticiens algériens tire la sonnette d'alarme quant à l'utilisation des collyres contenant des conservateurs dans les traitements des maladies de l'œil. Faire prendre conscience aux ophtalmologistes et aux pouvoirs publics sur les dangers des conservateurs utilisés dans les collyres pour une longue conservation est l'objectif du séminaire organisé, jeudi, à Alger ayant pour thème principal « Les conservateurs, le paradoxe, conserver les collyres ou conserver les yeux ». Les spécialistes n'ont pas manqué de souligner les aspects toxiques que représentent ces conservateurs sur la surface oculaire. Si dans plusieurs pays développés, la conscience du risque existe de plus en plus chez les ophtalmologistes, les compagnies pharmaceutiques et même chez les patients, dans notre pays à fort taux d'automédication, les professionnels de la santé, les médecins et l'administration ne semblent pas mesurer l'impact médical, économique et social de l'utilisation des collyres contenant des conservateurs et notre objectif est de faire prendre conscience aux ophtalmologistes algériens et aux patients des effets délétères des conservateurs et de proposer des alternatives, signale l'association. « Le traitement de certaines maladies graves avec ces collyres, telles que la sécheresse lacrymale, peut provoquer des effets secondaires néfastes en fragilisant la couche supérieure de l'œil et l'apparition de kératites ponctuées qui aggravent cette sécheresse oculaire et qui peuvent entraîner certaines pathologies fatales pour l'œil, telles que la destruction de la cornée », a expliqué le Dr Benhamada, vice-président de l'Association des ophtalmologistes, avant de préciser que la sécheresse lacrymale est déclenchée par plusieurs facteurs, dont l'infection des glandes lacrymales, l'allergie, la malformation de la cornée, les maladies chroniques et d'autres facteurs externes. Il cite entre autres la prise de certains médicaments pour le traitement de l'hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires, de neuroleptiques qui sont d'autres facteurs entraînant la complication de la maladie. Le Dr Benhamada précise que la sécheresse lacrymale se manifeste par des symptômes, notamment l'absence de larmes, la lourdeur des paupières, les troubles de la vision et les douleurs aiguës au réveil. Pour le traitement des cas légers, le spécialiste a recommandé « le recours à des larmes artificielles, l'hygiène oculaire, l'utilisation de pommades contenant de la vitamine A, la protection contre les facteurs externes. Il s'agira également d'éviter la fumée des cigarettes et de rester trop longtemps face à l'ordinateur », a-t-il ajouté. S'agissant des cas graves, le Dr Benhamada a estimé nécessaire l'utilisation, notamment des collyres sans conservateurs et les sérums. « Le recours aux uni doses, qui n'ont pas besoin de conservateurs que ce soit pour les collyres ou les pommades, serait plus économique et moins dangereux pour les patients », a-t-il ajouté. Le second volet qui a suscité un riche débat au sein de la corporation est la responsabilité médicale face à la justice. Le président de l'Association des ophtalmologistes, le Dr Benia, signale que l'ophtalmologue, à l'instar des autres spécialistes, doit s'informer sur la gestion des risques et prendre des précautions. Il recommande ainsi de privilégier le relationnel avec les patients, la constitution d'un dossier médical complet et d'informer les malades des risques qui peuvent survenir (consentement éclairé) qui doit être signé par le patient. Le Dr Benia signale que les ophtalmologistes, qui ont eu affaire aux juridictions, sont classés deuxièmes après les gynécologues, mais leur nombre reste encore inconnu. Pour ce qui est de la nature des cas des problèmes rencontrés, le Dr Benia relève que la majorité des cas est liée à des infections oculaires, à la perte de la vue.