L'imam de la mosquée Er-Rahma, âgé de 35 ans, a été condamné, dimanche, à une année de prison ferme assortie d'une amende de 10 000 DA par le tribunal pénal relevant de la cour de justice de Tiaret. Il est accusé de « vol » par deux gardiens de cette mosquée. Il a été au préalable filmé en train d'ouvrir la caisse de la mosquée. La cassette vidéo avait été remise au procureur général qui avait ordonné l'ouverture d'une enquête policière. Lundi passé, alors qu'il comparaissait devant le juge, le jeune imam avait soutenu que l'argent (500 puis 600 dinars) était destiné à une veuve démunie « pour soigner son enfant atteint d'une grave maladie ». L'imam en question, désigné à ce poste après le départ controversé de plusieurs de ses prédécesseurs, en voulant battre en brèche les assertions de ses détracteurs, s'est laissé allé devant les fidèles à des explications qui n'avaient apparemment pas convaincu ses adversaires mais avait été soutenu par une autre frange de fidèles. Les deux témoins à charge, qui avaient l'autorisation verbale du procureur général, ont déclaré « avoir agi ainsi pour dissiper les doutes sur les chutes drastiques des aides généreusement offertes par les croyants ». Il y a quelques jours, un autre imam et tous les membres d'une autre mosquée ont été traînés devant la justice mais innocentés, avant-hier, pour une minable somme d'argent (plus de 2000 dinars) destinée au paiement d'un chargement de sable. Même le directeur du secteur a été, il n'y a pas longtemps, au centre d'une affaire dont il est sorti blanchi par la justice. Les trois avocats de l'imam avaient invoqué l'article 330 du code de procédure pénal qui « interdit de filmer, à son insu, par n'importe quel moyen, une quelconque personne ». Rappelons que l'accusé avait reconnu son geste : l'ouverture de la caisse sans la présence des autres membres de l'association. Un geste qui lui a valu, outre la condamnation, son exclusion, dira monsieur Ahmed Sahraoui, directeur du secteur. Ce dernier, qui pense que l'imam incriminé « est tombé dans un traquenard, paie aujourd'hui les conséquences d'un acte qu'il n'avait peut-être pas prémédité ». S'agissant de la gestion des mosquées, notre interlocuteur cite « un déficit de 50% pour l'ensemble des 200 mosquées dans lesquelles se tient la prière du vendredi ». D'autres Imam, dans une déclaration remise à El Watan, disent « œuvrer pour que la gestion de l'argent de la Zakat et des quêtes ne relève plus de leurs compétences » et ajoutent « refuser l'amalgame alors qu'il s'agit d'un cas isolé ».